Les melons de la colère

La jeune Magalie souffre considérablement : sa poitrine est énorme et nuit de jour en jour un peu plus à l’efficacité dont elle aimerait faire preuve dans la ferme familiale. Ses parents s’en soucient et s’adressent donc dans un premier temps à un vétérinaire qu’ils connaissent pour qu’il puisse leur conseiller un médecin et avoir un avis, voire pour être dirigés vers d’autres spécialistes si besoin est.

C’est ainsi que de fil en aiguille, Magalie va passer entre les mains de plusieurs "experts" successifs dans le secret de leur cabinet. En réalité, la naïve enfant va devenir un objet sexuel que les notables du coin vont tous finir par partager…

… Jusqu’à ce que Magalie se confie à son petit frère Paul puis en parle à son père qui comprendra alors qu’il a été trahi par tous ces gens bien auxquels il faisait confiance…
 

Par sylvestre, le 7 novembre 2011

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3 avis sur Les melons de la colère

Les Joad avaient déchanté après avoir cru à des promesses et succombé aux sirènes de l’ouest américain dans Les raisins de la colère. Dans cette bande dessinée de Bastien Vivès dont le titre évoque avec un humour coquin celui du bien connu et précité roman de Steinbeck, c’est la crédulité et la naïveté d’une famille de pauvres paysans qui vont faire les malheurs de leur fille Magalie.

Magalie a en effet une paire de seins qui rappelle celle de Charlotte dans Elle(s), le titre de Bastien Vivès qui l’avait fait connaître et lancé. Une poitrine énorme à donner immanquablement des idées cochonnes aux hommes qui la voient ou simplement la devinent ! Et ça aurait pu en rester là si la famille de Paul et Magalie ne vivait pas complètement hors du temps dans leur ferme (voir aussi le sidérant autant que truculent épisode du Darty !!!)… Au lieu d’être traitée pour le mal dont elle se plaignait, Magalie a tout de suite été abusée par le premier praticien aux mains (et plus…) duquel elle a été confiée. Or si elle avait eu un peu de jugeotte, voire une éducation un peu plus large, Magalie se serait peut-être étonnée un peu plus vite des méthodes discutables dont elle était l’objet ! Et l’enchaînement des esclavages sexuels qu’elle a dû subir encore et encore n’aurait pas eu lieu d’être.

Mais cette bande dessinée non plus, alors, n’aurait pas existé, et l’on n’aurait pas eu droit à ce récit dramatique ni à ces scènes de sexe qui font manifestement le point d’orgue(asme ?) de ces Melons de la colère. On n’aurait pas non plus découvert cet essai du jeune auteur qui – cela dit, et c’est dommage – a ici plus éjaculé ses dessins qu’il ne les a réalisés, servant en effet plutôt des croquis vite jetés que de belles vignettes comme il a su nous en produire dans d’autres de ses BD comme Elle(s) ou Le goût du chlore

Ce qui dresse comme bilan pour cette BD-Cul des éditions Les Requins Marteaux : une parution originale et osée mais pouvant s’avérer gênante pour le public non averti (elle est conseillée aux plus de 18 ans), un scénario simple et intéressant mais forçant à dessein sur les visuels aguicheurs, et cette sempiternelle question nous faisant nous interroger sur si Bastien Vivès ne devrait pas revoir sa rentabilité à la baisse en donnant plus d’importance à la qualité de son dessin.
 

Par Sylvestre, le 7 novembre 2011

Alors oui, il y a une vraie polémique au sujet de la scène présentant le gamin avec sa sœur dans la grange. Comme si, finalement, c’était là le plus problématique.
L’album fait référence, dans sa forme surtout, à une BD de poche/de gare style Elvifrance, voir même aux vieux album type BDAdulte. Ces derniers contenaient systématiquement pas mal de scènes montrant des gamins se tapant la bonne, la maitresse, voir la grande soeur ou la mère. Ca me fait comme ca tout de suite penser à des gens comme Colber, Levis, Chris, Magnus… L’un des thèmes les plus basiques du genre (et la plupart du temps c’est mâtiné de domination, d’initiation etc.), il suffit de voir n’importe quel hentai actuel pour s’en rendre compte aussi que ce thème s’est grandement généralisé (Bon, là, il y a aussi certains de ces récits qui posent problème et qui poussent les autorités à réglementer cette production, mais c’est un autre débat). D’autant que là on reste vraiment dans du fantasme de potache, sans grand intérêt particulier… Ça manque juste d’humour et c’est très froidement écrit. En contrepartie, ce qui est qbien moins louable, c’est la domination perverse dont la jeune fille est victime, une domination qui tourne d’abord au jeu, puis qui devient vite une abominable torture pour finir en drame, à aucun moment la jeune fille n’est concentante devant ses boureraux qui abusent encore et encore d’elle… Qu’importe cette scène anecdotique ou un gamin se fait "initier" par sa frangine naïve et elle aussi mineure, d’ailleurs !
Mais cet album me dérange aussi par sa qualité.
Vives n’est visiblement pas super inspiré, il nous sort les situations les plus génériques du genre et semble faire tout ça par automatisme, sans inspiration particulière. C’est une parodie sans humour, pratiquement inintéressante. Son écriture se délie sans passionner, et son graphisme tend vers une sorte d’épuration un peu facile. On a vraiment l’impression d’avoir à faire à un album fait à la va vite, pour s’amuser entre pote "Tiens, je vais mettre en scène une nana avec des seins énormes qui se fait … par tout les notables du village…" D’accord !
Il y avait quand même matière à faire un truc plus pertinent, des gens comme Magnus ont bien montré qu’on pouvait aussi faire de l’humour avec le cul, par exemple, qu’on pouvait raconter des vraies histoire avec un fond. Là c’est quand même assez vide, tant dans le fond que dans la forme. Un vrai essai manqué.
C’est dommage !

Par FredGri, le 12 mars 2013

J’écris cet avis pour répondre au questionnement de Fredgri au sujet de la scène d’un jeune enfant de sept-huit ans (et qui est qui plus est affublé d’une bite monstrueuse lui arrivant jusqu’au genou) se faisant masturber par sa sœur : oui il existe bel et bien un problème. En tout les cas à mon sens.
Pour moi cette scène fait appel à de la pornographie infantile et de la pédophilie (je n’invoque pas ici ces termes d ans un sens juridique mais pour exprimer mon ressenti et mon aversion). Un récit érotique ou pornographique est sensé attiser le désir de son lecteur, réveiller ses fantasmes. Avec Les melons de la colère, Vivès s’égard dans un sujet qu’il ne maîtrise pas. Non content de mettre en scène le viol collectif et répété, Bastien Vivès surenchérit avec les interdits pédophilie et inceste. Et dans la mesure où un auteur comme Vivès s’est auparavant fait remarquer pour la maturité et la justesse de ces albums, il me semble difficile de qualifier d’anecdotique ses choix. Pour moi il est trop grave aujourd’hui en 2011 de faire n’importe quoi avec les enfants – ce qui par ailleurs n’interdit pas d’être transgressif comme l’a récemment montré Edmond Baudoin dans son album adapté d’un roman de Bénédicte Heim, Tu ne mourras pas (que j’ai défendu ici même).

Que cet album entre dans le tout venant du genre n’apaise en rien le profond dégoût qu’il m’inspire, bien au contraire. Abjecte, j’ai envie de dire que pour l’année 2012 qui se profile et toutes les suivantes : plus jamais ça !

Par melville, le 12 mars 2013

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