Les ombres d'un conteur

Mais au delà de ce parcourt complètement atypique, Nathalie Ferlut s’attache à dépeindre un homme à la fois plein de sensibilité et habité d’une obsédante envie de trouver sa voix, d’être entendu ! Elle se penche avec beaucoup de justesse sur le monde intérieur de l’artiste, sur ses amours tourmentés et platoniques, sur ses doutes et ses prises de position passionnées. Elle observe l’évolution de Hans et décide de tout nous raconter sous la forme d’un long et passionnant conte qui nous emporte dans un très agréable parallèle entre la matière de ses histoires et la vie d’Andersen elle même !

Nous découvrons donc l’évolution de l’auteur, son rapport avec ses amis, avec la société dans laquelle il va vite évoluer.
Cependant, Nathalie Ferlut se concentre beaucoup plus sur l’homme lui même que sur l’œuvre qui passe au second plan. Ce qui donne progressivement l’impression, d’une part, que finalement ces contes ne sont qu’une étape, pas réellement très différente des œuvres qui ont précédé, et ensuite que ces textes ne sont que des éléments du décor. Mais c’est aussi une façon de s’arrêter plus longuement sur la vie d’Andersen lui même, sur ses sentiments envers les femmes, sur l’ambiguïté qui le rapprochait de ses amis. Il en ressort bien plus touchant et émouvant que ce que pourraient laisser croire ses contes au premier abord, par exemple.
Et c’est certainement là la grande qualité de cet album qui se dévore d’une traite, nous immerger au plus profond de cette âme à la fois délicate et fragile qui ne s’éloigna jamais réellement de l’enfance.

Un très bel album servi par un graphisme absolument somptueux et vibrant d’une vie incroyable. Je vous recommande très sérieusement cette lecture qui devrait vous marquer, indéniablement !

Par FredGri, le 4 septembre 2016