les Pieds-Noirs à la mer

Daniel a 19 ans, il rêve de faire de la BD, partir aux Beaux Arts, mais ses parents ne voient pas forcément les choses sous le même angle que lui, alors il décide de "prendre un peu l’air" et d’aller passer du temps avec ses grands parents. Cependant, ce retour aux racines le confronte à une réalité pas toujours aussi agréable qu’il l’aurait souhaité. Sa mamie et son pépé sont des pieds-noirs et l’histoire qui les accompagne est mêlée de haine, de rejet et d’une certaine forme de racisme qui persiste, quitte à influer sur l’équilibre de la famille elle même.
Daniel aimerait que les choses se passent mieux, mais est-ce encore possible ?

Par fredgri, le 15 décembre 2013

Publicité

Notre avis sur les Pieds-Noirs à la mer

Au travers de cet album, nous entrons dans une famille de pieds-noirs qui a été forcée de quitter l’Algerie ou ils avaient grandit pour arriver en France en plein ambiance xénophobe, accueillie par des banderoles ou était inscrit en grand "Les Pieds-Noirs à la mer !". Toute cette expérience a fortement influencé les mentalités, les préjugés de tout les côtés qui, ensuite, se répercutent sur les jeunes générations qui n’ont pas vécu cet exil forcé, qui commencent à se métisser, inexorablement. Daniel représente donc cette nouvelle vague qui se retrouve au croisement de ces cultures qui s’opposent. Il a la volonté de concilier le tout, de miser sur la force de la cellule familiale, bien au delà des débris de haine ou de simples préjugés racistes qui viennent de glisser dans les conversations, mais ça s’avère nettement plus compliqué qu’il n’y paraissait au premier abord.
Parfois ça n’est pas facile de passer outre l’histoire, la mémoire…

Avec "Les Pieds-Noirs à la mer" Fred Neidhardt ne propose pas réellement de morale, il constate simplement les dégâts que peuvent causer des sentiments mal gérés, qui s’embourbent dans les à priori et les amalgames, quitte à faire porter aux enfants la responsabilités des anciens ! L’écriture est très subtile car elle amène le lecteur à rester en retrait, à ne pas foncer tête baissée, lui aussi, dans les raccourcis trop rapides. Les personnages ne sont pas vraiment là pour être jugés sur pièce, ils ne sont que le fruit d’une histoire complexe, avec ce qu’il faut de ré-interprétation de leur côté aussi. Certes, quand ils déversent leur chapelet de fiel ils perdent leur côté sympathique, nous brossant le profil d’une population en mal d’acceptation, qui a besoin de responsable, néanmoins l’auteur met aussi le doigt sur une authenticité très humaine, très réaliste.

Daniel assiste donc au glissement de ses sentiments. Il reste très attaché à ses grands-parents, il voudrait que son cousin ne soit plus exclu comme ça, il garde encore tout ses idéaux et rêve à un rassemblement de la famille comme derrière un rempart solide et inaliénable… Mais Fred Neidhardt ne mise pas sur le récit consensuel qui s’illusionne. Il y a une rupture, il en témoigne et peut-être que la conciliation est encore possible, malgré tout elle n’entre pas dans le propos de l’album !
Toutefois, le rythme du scénario est presque nonchalant, comme si Neidhardt refusait une mise en scène trop insistante, trop passionnelle. Le récit se met en place lentement, on découvre le jeune Daniel, ses sentiments, sa propre révolte contre ses parents, puis sa relation avec ses grands-parents, cette douce affection qui les lie. Il glisse les premiers stigmates de ce qui va suivre au travers des actualités télévisées et des réactions du grand-père. Puis on découvre un cousin, qui évoque la famille, un deuxième cousin qui s’est mis en couple avec une jeune "algérienne" et là c’est le rejet qui provoque le reste…

"Les Pieds-Noirs à la mer" nous interroge sur la matière de notre mémoire collective, sur cette communauté de pieds-noirs mal intégrée qui a du co-exister entre ces deux cultures qui les ont rejeté. Il n’y a pas de jugement à porter, juste un constat amer… Peut-être l’occasion pour la nouvelle génération de prendre part à l’histoire, à son tour !!!

Une lecture très instructive !

Par FredGri, le 15 décembre 2013

Publicité