Les primates nous font marcher

Cet ouvrage fait un peu penser, dans sa conception, à ces livres de gags comme on en a lus il y a quelques dizaines d’années, signés Jean Effel ou Maurice Henry… Ou au bien plus récent Fauteuils en état de sièges… Il peut en effet se lire très vite tout comme il peut être consulté au compte-gouttes, découvert puis relu gag après gag ; chacun à son rythme.

Invariablement, les séquences sont composées de deux dessins qui illustrent respectivement le début et la fin d’une phrase qu’on peut lire en dessous. Cette phrase pourrait se suffire à elle-même, quand on y regarde bien, puisque dans la plupart des cas le dessin n’est là que pour renforcer son message en le reprenant. Mais la combinaison des deux fonctionne forcément mieux : la phrase prend plus de place grâce au dessin, et le dessin appuie l’humour de la phrase en lui donnant plus d’impact.

Le style graphique est épuré, voire simple, tout comme la mise en couleurs. Ce style, on le connaît bien, on le reconnaît, c’est celui de Philippe Coudray. En l’observant mieux, on s’aperçoit pourtant que si les personnages sont effectivement représentés grâce à des traits bien clairs, bien gras, les paysages et autres arrières-plans sont eux plus finement travaillés et plus fournis… Cela dit, s’ils rendent les vignettes plus abouties (c’est bien !), ils mettent aussi l’accent sur la simplicité de réalisation des personnages principaux (ce qui est dommage, cela fait des visuels à deux niveaux de qualités…)

Mais bon ! Les primates nous font marcher restent dans l’esprit philosophique et animalier des frères Coudray, ce qui fait leur spécificité, leur originalité, et ce qui les met à la portée de tous les lecteurs sans exception, de la prime enfance aux âges sages…
 

Par Sylvestre, le 18 octobre 2009