Les princesses aussi vont au petit coin

Un homme s’échappe d’un hôpital psychiatrique. Convaincu de détenir des documents hautement compromettants, il prend en otage le couple qui venait de le prendre en stop. Commence alors leur aventure…

Par melville, le 7 mai 2011

Notre avis sur Les princesses aussi vont au petit coin

Christophe Chabouté fait partie de ses auteurs un peu en marge dont la sortie d’un nouvel album est toujours un événement attendu. En dehors des modes et des tendances, l’auteur écrit et dessine des récits sombres teintés de polar et de fantastique latent. Peut bavard il aime réduire ses dialogues à l’essentiel et préfère parler avec le regard de ses personnages. Au fil des années, Chabouté a trouvé son style et bien que chacune des ses histoires soient marquées de son sceau, elles sont toutes uniques. Et c’est en cela que l’on peut, je pense, dire que Christophe Chabouté est un grand artiste du neuvième art : à chaque nouveau livre il explore une autre facette de son propre univers.

A l’instar de ses précédents albums, on retrouve donc dans Les princesses aussi vont au petit coin, cette dimension du polar taiseux où ce sont les dessins qui parlent. En jouant sur les équilibres entre le noir et le blanc et les cadrages et plans de vue, Chabouté suggère la couleur des émotions (anxiété, précipitation, fuite, sérénité, réflexion, etc.) qu’il souhaite insuffler à son récit. Pour le lecteur le fait que cette émotion passe avant tout par le dessin et non par les mots lui donne une épaisseur qui la rend presque palpable. Superbe.

Les princesses aussi vont au petit coin raconte l’histoire de la cavale d’un homme échappé d’un hôpital psychiatrique. Pas fondamentalement dangereux, il n’en est pas moins totalement paranoïaque… Mais au final, bien plus qu’un récit policier, ce livre est comme le retour d’un auteur sur son propre travail. Par une astuce scénaristique dont je n’en dévoilerais pas plus ici, Les princesses aussi vont au petit coin est une mise en abîme du travail d’écrivain. Indirectement, Chabouté nous parle de lui où plutôt des ses histoires, de cette tristesse qui semble hanter chacune d’elles. Un de ses albums peut-être les plus personnels.

Tout en finesse, empreint de modestie et de sincérité, ce nouveau titre de Christophe Chabouté est incontournable pour qui aime l’auteur.

Par melville, le 7 mai 2011

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