Les rues de sable
Pour avoir oublié le rendez-vous qu’il avait à la banque avec sa fiancée, un homme se voit contraint, pour rattraper son retard, de passer par un raccourci à travers la vieille ville. Mal lui en prend puisqu’il finit par se perdre dans le dédale de rues de ce drôle de quartier. Ne sachant plus où se diriger, il échoue dans un hôtel qui se révèle être une porte ouverte sur un monde délirant insoupçonné, peuplé de personnages anticonformistes. Trouvera-t-il l’aide nécessaire qui lui permettra de sortir de cet inquiétant labyrinthe ?
Par phibes, le 1 janvier 2001
Notre avis sur Les rues de sable
Ce one-shot, rattaché à la superbe collection Mirage de chez Delcourt, a la grande particularité de nous offrir un voyage dépaysant en nous entraînant dans un univers des plus fantaisistes et on ne peut plus oppressant.
En effet, Paco Roca, auteur espagnol méritant à qui l’on doit entre autres "Rides" chez le même éditeur, lance ses péripéties dans une dimension où l’absurdité des situations est portée à son paroxysme. A l’image d’Alice ("Alice au pays des merveilles") du roman écrit par Lewis Caroll dont un extrait sera utilisé en guise de préambule, le personnage principal (un peu rêveur) ne tarde pas en pénétrant dans la vieille ville à franchir le seuil d’un monde illogique, presque cauchemardesque, peuplé de personnages en proie à des obsessions terriblement répétitives empêchant de fait toute évolution réaliste.
Malgré tout, aussi insensée que puisse paraître cette ambiance d’asile psychiatrique qui se joue de ce jeune éperdu, cette aventure a un fort potentiel accrocheur. Pareillement au protagoniste central, le lecteur est pris au piège des pérégrinations de celui-ci et se voit progressivement absorbé par celui-ci. Par obligation, on prend le rythme de cette communauté délirante pour tenter d’en comprendre les rouages. Mais ces derniers peuvent se révéler somme toute fragiles lorsqu’un imprévu, un grain de sable, vient gripper l’ensemble et faire écrouler tout l’édifice onirique. Les nombreux personnages atypiques qui interviennent de façon récurrente, développent des manies amusantes voire agaçantes dans un lieu qui semble se confondre avec la tour de Babel.
Au niveau dessin, Paco Roca assure dans son style. D’un trait épuré, plein de fantaisie et de douceur acidulée, cet auteur polyvalent convainc dans la forme et dans le fonds. Le semi réalisme qu’il nous expose est d’une grande efficacité et charme grâce à une colorisation bien à propos.
Si vous ne savez quel chemin littéraire prendre, un conseil, passez par la vieille ville et pénétrez une réalité tortueuse et insensée dont Paco Roca a le secret. Sûr que vous n’en reviendrez pas !
Par Phibes, le 26 mai 2009
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