Les sanctuaires
Subitement terrassé par une douleur à un genou, Sébastien s’affole : il doit bientôt repartir pour un long séjour au Japon, il ne faudrait pas que ce problème l’en empêche ! Malheureusement, les différents médecins qu’il a le temps de consulter avant son départ se montrent incompétents à identifier ce qu’il a et donc à le soigner.
Serait-ce en partie psychologique ? La perspective de se fiancer avec Natsuki ne jouerait-elle pas sur tout cela ? Sébastien en effet n’est pas certain à 100% que la vie qu’il projette avec sa petite amie japonaise soit exactement ce à quoi il aspire… Pourtant, sa motivation pour bosser dans l’animation au pays des maîtres du genre le pousse à s’accrocher. Et il y va ! Mais tout ne se passe pas très bien…
De retour en France, ses problèmes de genoux l’envahissent plus que jamais. Puisque la médecine conventionnelle ne lui est d’aucune aide, Sébastien décide de se tourner vers des méthodes alternatives issues de la philosophie chinoise ; avec un brin de réticence, au départ, mais avec des premiers résultats qui l’encourageront à persister.
Par sylvestre, le 25 août 2025
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Scénariste :
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dessinateur :
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Coloriste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782756050287
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Notre avis sur Les sanctuaires
Le visuel de la couverture de cette BD Les sanctuaires laissera sans doute penser aux lectrices et aux lecteurs qu’ils ont là affaire à une histoire de fantasy ou de magie. Or, ce n’est pas le cas. Pas du tout, même ! Attention, donc : des déçus, il y en aura, si c’est ça qu’ils cherchaient !
Car en effet, point de fantasy à l’horizon : l’histoire commence plutôt comme un journal autobiographique, comme dans ce genre de bandes dessinées dans lesquelles les auteurs racontent leur vie et les péripéties qu’ils traversent au quotidien. Dans Les sanctuaires, tout commence avec ce problème de genou qui un jour terrasse Sébastien, suivi du souvenir d’une soirée angoissante qu’il a vécue puis de son séjour au Japon.
À partir de là, tout aurait pu s’orienter vers le Japon et sa culture, ou vers la relation amoureuse de l’auteur avec sa copine Natsuki, ou vers son travail de graphiste au pays du soleil levant. Mais… Connaissez-vous l’expression « Avoir une épine dans le pied » ? Avez-vous déjà été embêté(e) par quelque chose qui a pris le pas sur tout le reste, vous demandant de mettre sur pause tous vos projets toutes affaires cessantes ?
C’est justement ce qui est arrivé à Sébastien et cette douleur omniprésente qui lui pourrissait la vie va devenir le cœur de sa lutte, reléguant le reste – pourtant très important – au rang d’à-côté à reprendre plus tard… Sébastien voit bien que ses problèmes de genoux nuisent à tout le reste et que s’il ne s’en débarrasse pas, jamais il ne pourra aller de l’avant et faire des projets ou prendre des décisions sereinement. Comme la médecine conventionnelle semble échouer à l’aider, il va se tourner vers l’ésotérisme, vers l’étude du Yi King, vers la compréhension des pouvoirs du Chi… Avec une certaine réussite, manifestement. Réels progrès ? Méthode Coué ? Révélations miracles réservées aux seuls êtres ouverts à les admettre ? Sébastien n’avait rien à perdre. Il a bien fait d’essayer ; entre foi et espoir…
De là, la bande dessinée reste autobiographique mais s’attache à nous expliquer le cheminement et les expériences « spirituels » de Sébastien. D’une autobiographie classique (histoires concrètes qu’on vit dans la rue ou aux côtés d’amis), le propos va s’orienter vers l’impressionnisme d’une « autobiographie intérieure ». De nouveaux aspects graphiques vont s’inviter au programme, donc ; là encore de nature à laisser perplexes ceux qui auraient bien aimé continuer à suivre Sébastien dans un parcours professionnel d’artiste au Japon puisqu’on part dès lors plutôt et longuement dans des saynètes faisant ressembler cette BD à celles de la série Il était une fois l’Homme ! (Avec représentations de ce qui peut se passer inside, etc, vous voyez le genre…)
Le récit est au final troublant et inspirant mais ses changements de rythme et d’ambiances ont en revanche tendance à dérouter, à donner du mal à classer l’ouvrage. Autobiographie ? Témoignage ? Prosélytisme ? Développement personnel ? C’est un peu tout ça, et si c’est sincère et intéressant, ça fait peut-être un peu trop le grand écart entre certains intérêts abordés. Or, lorsqu’on achète une bande dessinée, on aime y trouver ce qu’on est venu y chercher, non ? Surtout quand la BD en question coûte près de 35 euros ! Donc c’est peut-être là le bémol : on lit avec plaisir et on comprend, mais ce n’est peut-être pas tout du long ça qu’on attendait vraiment.
Ceci n’ôte pas le talent et le mérite de l’auteur Sébastien Pons qui, au-delà des ressentis que pourra avoir son lectorat, parvient à mettre en images des notions et des feelings bien difficiles à raconter avec des mots : amour, pardon, confiance en soi, reconnaissance, renouveau, etc… Si la découverte par Sébastien de l’univers dans lequel il nous invite a été déclenchée par son problème de genou, son récit vous permettra d’y accéder sans l’inconvénient de sa douleur – bande de veinards ! – et pourquoi pas d’y trouver ce que vous aussi, sans savoir où le chercher, vous espériez.
Par Sylvestre, le 25 août 2025
