Les Serpents Aveugles

Un homme au costume rouge déambule dans les rues de New York en cet été 1939. Il recherche un dénommé Ben Koch. Son commanditaire souhaite le retrouver et lui faire payer un pacte rompu.

Ben Koch, de son côté, recherche lui aussi la piste d’un type, Curtis Rusciano. Il fut son ami au sein d’un groupe de militants communistes mais tout fut brisé une nuit de 1936 lorsqu’il fut surpris par un policier alors qu’il collait des affiches politiques. Curtis ne trouva rien de mieux que d’assassiner le flic. Ben décida alors de partir loin d’ici et s’engagea dans la guerre d’Espagne.
Mais l’heure est venu de rentrer et de régler les comptes.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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2 avis sur Les Serpents Aveugles

Je viens de finir ce remarquable album, et l’espace de quelques instant je garde encore un peu de l’atmosphère de ces planches. Alors, oui, c’est vrai, nous nous retrouvons en plein thriller balançant entre polar et espionnage mais ce qui m’a particulièrement séduit c’est la lenteur qui imprègne toute l’histoire, et cette figure rouge qui attend que les premiers signes lui désignent sa proie. En fin de compte nous sommes dans un récit assez atypique, le contexte politique est très marqué, mais d’un autre côté on a toutes les bases pour comprendre les enjeux de chacun et les engagements des autres. Tout ne nous est pas forcément dit, les auteurs nous laissent deviner certains liens qui relient tel ou tel personnage, de plus il faut aussi reconstruire la trame globale, malgré tout l’intrigue et très fluide aussi, très prenante.
Mais, j’insiste, la nonchalance qui rythme ce one-shot nous offre un regard très fin sur ces personnages et leur interconnexion, ils ne sont plus seulement des militants communistes, ni même des espions, mais ils deviennent avant tout des hommes qui se découvrent, qui s’engagent et tentent de mieux comprendre le monde qui les entoure, gagnant ainsi une matière bien plus humaine que toutes ces implications révolutionnaires.
Le graphisme est moins surprenant, même si je trouve, là aussi, qu’il convient parfaitement à l’ambiance. Simplement il n’est pas lisse, il a cette force, cette crasse qui rend l’ensemble plus présent, moins distancier. Les personnages sont là, ils existent, ils pourraient être ce quidam que je croise chaque matin dans le bus, celui qui lit un journal ou qui se cache dans son écharpe, ils respirent et ne cherchent pas à jouer la comédie.
Je vais ranger ces "Serpents aveugles" soigneusement et un jour il ira rejoindre une liste d’albums fortement conseillés.
A bon entendeur…

Par FredGri, le 2 février 2009

Une ambiance mystérieuse plane sur cet album qui oscille entre polar, guerre et espionnage. Cava nous livre un scénario complexe, mais parfaitement maîtrisé, basé sur des allers-retours entre 1936 et 1939, autour de trois personnages.

Le principal est Ben Koch, qui se bat pour un idéal, en défenseur du communisme. Il va côtoyer d’autres militants, d’abord à New York puis en Espagne quand il s’engage dans la guerre civile.

Son périple, varié, est passionnant et construit à la manière d’un thriller, permettant au lecteur de reconstituer progressivement le destin de Koch et de découvrir pourquoi il est sur les traces d’un certain Curtis, au demeurant décédé, et pourquoi un autre homme est sur ses traces.
Et, croyez-moi, le livre recèle quelques belles surprises, notamment dans les dernières pages, avec un final totalement inattendu et original, qui poussera certainement beaucoup à reprendre la lecture de l’album, à la recherche de signes annonciateurs de cette conclusion diabolique.

Cette seconde lecture peut, de toute façon, être assez salvatrice car l’intrigue est riche. Le contexte historique est, lui aussi, complexe. Il faut connaître certains détails (comme les différents mouvements militants engagés en Espagne par exemple) pour comprendre parfaitement l’action. Cela a, en tout cas, le mérite de donner un coup de projecteur sur cette époque trouble et de nous pousser à en savoir plus.

C’est aussi une manière de dénoncer certaines dérives des engagements idéologiques comme celles qui se tramaient sous couvert de lancer la Révolution.

Outre un bon scénario, le livre bénéficie d’un splendide travail graphique de Segui. Ses dessins sont plein de vie et superbement mis en couleur. Il a un sens aigu du détail et nous plonge avec la même réussite dans les gratte-ciel new-yorkais ou dans les montagnes ibériques en guerre.
Avec cet album, la BD espagnole est représentée de belle manière dans la collection « Long Courrier » de Dargaud.

Par Legoffe, le 16 septembre 2008

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