Les travailleurs de la mer
Gilliatt vit sur l’île de Guernesey, près des côtes normandes. Un jour qu’il revient chez lui, il croise la belle Déruchette qui écrit son nom dans la neige. Intrigué par le geste de la jeune fille, le marin découvre qu’il éprouve des sentiments pour elle. Solitaire, il décide néanmoins d’aider le père de Duréchette à récupérer le moteur de son bateau à vapeur échoué à quelques jours de là… Peut-être espère-t-il ainsi gagner le cœur de la jeune beauté…
Par fredgri, le 23 janvier 2025
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782344047033
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Notre avis sur Les travailleurs de la mer
Pour ce somptueux album, Michel Durand adapte très fidèlement le roman du même nom écrit par Victor Hugo en 1866.
Un texte qui rend hommage à l’île de Guernesey, sur les côtes normandes, où l’écrivain est alors en exil depuis 55. Il exalte la beauté sauvage de l’île, cette nature qui alterne le calme à la tempête, l’esprit des habitants, loin du strass des grandes villes. Le tout incarné dans le personnage de Gilliatt, homme brut de décoffrage, mais qui dévoile une sensibilité intérieure toute en retenue, en discrétion.
L’homme est amoureux d’une jeune fille qui n’est pas de son milieu, presque inaccessible. Pour elle, il décide de s’aventurer dans un périlleux exploit où il va devoir affronter l’océan déchaîné, la vie sur un récif fouetté par les vents et l’attaque d’une pieuvre géante… Le tout pour récupérer un moteur qui risque de se perdre dans les fonds marins.
Toutefois, même si l’on est gagné par la passion du récit, par ces destins et la force de caractère de Gilliatt, on est surtout impressionné par la prestation graphique de Michel Durand qui a mis pratiquement 4 ans à dessiner ces planches époustouflantes.
Un traitement au trait qui renvoie aux gravures du 19ᵉ siècle, au travail de Franklin Booth ou, plus proche encore, de Bernie Wrightson. On glisse d’une page à l’autre, on admire la finesse du style, ce très habile dosage des ombres et des lumières qui transcende le récit, qui magnifie la moindre scène, qu’il s’agisse des chemins sauvages de Guernesey, des ruelles du village, des remparts de Saint-Malo, des vagues qui viennent s’écraser sur les rochers, tout est magnifiquement habité par cette sensibilité sauvage qui nous hâpe du début à la fin.
Plonger dans cet album devient alors une expérience en soi, un plaisir du bel objet, du travail de virtuose, de la redécouverte d’un texte puissant et captivant.
Une très belle performance qui met une nouvelle fois en avant le talent sans pareil d’un artiste en marge.
Vivement conseillé.
Par FredGri, le 23 janvier 2025