L'ÉTÉ DES QUATRE ROIS

Juillet 1830 – La signature par Charles X des Quatre ordonnances enflamme le peuple parisien qui va déclencher l’insurrection. Au plus on sommet du pouvoir on tergiverse, on étudie les différentes options, pendant que les barricades sont dressées dans les rues de la capitale.

Par v-degache, le 1 décembre 2023

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Notre avis sur L’ÉTÉ DES QUATRE ROIS

Adaptation du roman de Camille Pascal publié en 2018, L’été des quatre rois emmène le lecteur dans les journées révolutionnaires, dites des Trois Glorieuses, qui vont mettre fin au règne de Charles X et à la Restauration, en juillet 1830.

La signature par le roi Charles X des 4 ordonnances, renforçant considérablement le contrôle et la censure sur la presse, dissolvant une chambre pas encore réunie, modifiant le régime électoral, et fixant de nouvelles élections, met le feu aux poudres et plonge, une nouvelle fois, la capitale dans un épisode révolutionnaire.

Alors que les barricades sont dressées dans Paris, l’insurrection débute le 27 juillet. On suit le commandant des troupes de Paris, le Maréchal Marmont, celui-là même dont Napoléon dira, après qu’il eut trahi l’empereur, qu’ « Il était le plus médiocre des généraux », incapable de venir à bout des émeutiers, et voyant ses hommes fraterniser avec le peuple , laissant peu à peu celui-ci prendre le contrôle de la ville, alors que Charles X semble déconnecté de la réalité de la situation.

Parallèlement, les auteurs nous font suivre un duc d’Orléans, futur Louis-Philippe, issu de la branche cadette des Bourbons, réticent à prendre le risque de se déclarer comme prétendant au trône, alors que La Fayette, Talleyrand, Thiers, tentent de rassurer les républicains pour les rallier à cette idée d’une monarchie orléaniste, et de les convaincre que le duc est un soutien à la révolution en cours. Les options de voir régner le Dauphin Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême, ou le petit-fils de Charles X, Henri d’Artois, duc de Bordeaux, semblent de plus en plus compliquées, même si les deux règneront très éphémèrement après l’abdication de Charles X.  Le scénario d’Hervé Loiselet met aussi en avant le rôle joué par la Comtesse de Boigne et son salon, et plus largement celui des femmes, soulignant l’intelligence politique de celle-ci.

La Monarchie de Juillet va ainsi installer au pouvoir la bourgeoisie, remplaçant l’aristocratie que Charles X, frère de Louis XVI, et les ultras avaient rêvé de placer, garantissant ainsi le non-retour à une monarchie absolue, mais rejetant l’option républicaine.

Cette adaptation dessinée parvient à nous immerger dans les tractations politiques autour des différentes solutions envisagées pour mettre fin à la crise au plus haut sommet du royaume, avec en parallèle l’insurrection qui gagne les rues de la capitale. Le dessin semi-réaliste et dynamique d’Antonin (Karantzaki) parvient bien à restituer la frénésie qui s’empare de Paris durant quelques jours, et à reconstituer ces heures décisives.

La multiplicité des acteurs et l’intensité des dialogues demandent une lecture attentive, facilitée par une galerie de portraits en début d’ouvrage, mais c’est un plaisir de voir la BD s’emparer d’un 19ème siècle trop souvent boudé et méconnu par le grand public, même si la dernière réforme des programmes scolaires en lycée a réintroduit de manière importante cette période en classe de première, afin de pallier cet injuste amnésie.

Rejoignez sans hésiter ces quatre rois emportés par le tourbillon de l’histoire durant cet été 1830, où ces Trois journées Glorieuses vont mettre fin à la Restauration !

Par V. DEGACHE, le 1 décembre 2023

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