Lettres perdues

Pour tout vous dire, je ne connaissais pas le travail de Jim Bishop avant de découvrir cet étonnant album ! En le feuilletant, je suis tout d’abord tombé sous le charme du dessin, de cet univers incroyable et très coloré, une sorte d’onirisme poétique qui rappelle des personnages comme Little Nemo, le Petit Prince…
Iode est un jeune garçon quelque peu naïf qui refuse de comprendre que derrière le silence de sa mère se cache peut-être une réalité plus douloureuse. Il part à l’aventure sans se poser de question, glissant d’une rencontre à l’autre, tandis que le lecteur s’immerge dans un monde particulièrement étrange ou les humains cohabitent avec les créatures marines montées sur des prothèses anthropomorphiques.
Et nous acceptons très vite tout ça, charmé par la fantaisie qui nous enveloppe, cette poésie rafraîchissante qui évite les effets pompeux et grandiloquents. L’écriture est très fine, voire même plutôt enjouée à certains moments, avec des tonnes de petites idées savoureuses, un sens du rebondissements qui fait penser, certaines fois, à un scénario en roue libre qui se découvre au fil des pages !

Alors oui, on peut être assez déstabilisé par cette lecture qui va un peu dans tous les sens, qui nous demande de ne pas trop se poser de questions, de prendre les choses comme elle vient, mais quel plaisir de lecture. C’est très habilement mené, on s’attache vite aux personnages, on sourit devant les tentatives de Cycy pour devenir un bon policier, ou les mystères de Frangine, tandis que le récit se déroule presque automatiquement, enchaînant les scénettes étranges, les dialogues édifiants avec de vrais moments de grâce qui font de cet album de 200 pages un pur bonheur de bande dessinée !
La révélation d’un talent atypique complètement en marge. Un jeune auteur à surveiller de très près !

Vivement conseillé !

Par FredGri, le 12 août 2021