L'expert

Nous sommes en Allemagne, en 1977, Monsieur Martin travaille pour la morgue. C’est un père de famille vieillissant, un peu froid et distant, mais qui a progressivement développé des compétences assez substantielle dans son métier. Un soir qu’il accepte de rejoindre des amis pour boire un coup et jouer aux cartes, il s’enivre et en revenant chez lui, découvre le corps d’une femme, morte, allongée au milieu de la route. Tout d’abord choqué, il finit, principalement pour pouvoir se disculper, de rechercher celui qui a laissé ce corps sans lui prêter secours…

Par fredgri, le 15 janvier 2024

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Notre avis sur L’expert

L’Expert se présente comme un polar, au premier abord, tout du moins, il y a un corps, un suspect, un enquêteur, des indices, tout ce qui pourrait correspondre aux codes du genre. Cependant, Jennifer Daniel profite de cette trame pour nous parler de l’Allemagne des années 70, des différences de classes qui peuvent s’entretenir au travail, mais surtout des souvenirs de la seconde guerre mondiale qui restent encore bien présents à cette période complexe de reconstruction.

Karl, le « héros » est un employé de bureau qui n’a jamais réellement évolué dans son poste, même si on lui reconnait des compétences indiscutables, que ses collègues aiment à le taquiner en lui disant qu’au départ du patron, c’est lui qui devrait le remplacer… Mais Karl ne fait pas de remous. Jusqu’à ce soir, où il manque de rouler sur le corps d’une femme morte allongée sur la route… Il sort pour tenter d’en savoir plus, il sait bien qu’il n’a rien à voir avec l’accident, avec cette voiture emboutie dans un arbre… Mais il ne veut pas d’ennuis, d’autant qu’il a beaucoup bu, que son collègue ronfle sur son siège passager… Il s’enfuit sans prévenir la police. Mais il regrette vite ce geste, le lendemain, il se décide à enquêter… Tout part donc de là, de cette petite lâcheté qui devient de la culpabilité, qui ronge progressivement ce quinquagénaire, qui lui rappelle cette même couardise qui le tiraillait, quand il était jeune, dans l’armée allemande.
L’Allemagne qui nous est alors montrée ressemble un peu à tous ces pays pleins de politiciens hypocrites, entourés d’une nuées de notables calculateurs, on y retrouve aussi une petite bourgeoisie sans ampleur, qui économise, qui subit, qui se retrouve autour d’une table à jouer aux cartes, avec les collègue, tristement… Jennifer Daniel n’enjolive pas le tableau, mais ne charge pas non plus le pathos. En prenant son temps, elle nous entraîne dans une intrigue assez efficace et lente ou finalement tout semble inéluctable.
Peut-être a-t on du mal à s’attacher à tous ces personnages, mais c’est certainement dû au fait que l’écriture reste plutôt monocorde tout du long et qu’il n’est pas ici question, justement, de héros, de grande enquête, de rythme échevelé, de grand charisme. Tout semble en suspend.

Graphiquement, c’est assez intéressant. Un style minimaliste ou la couleur est masse, mise en relief avec des textures qui ajoutent de la vie dans ces couleurs. C’est un choix très judicieux, je trouve, car on ne se perd pas dans les détails, on ne garde que les principaux traits, quelques expressions et c’est tout. Des atmosphères pastelles qui vont à l’essentiel.

Un album assez curieux, au final.
Très conseillé.

Par FredGri, le 15 janvier 2024

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