L'homme qui en a trop vu

L’homme qui en a trop vu est le récit d’Ali Arkady, en cette année 2016, alors qu’il fait un reportage sur le début de l’offensive à Mossoul, en Irak, pour le journal Der Spiegel et qu’il va découvrir les exactions commises par ceux qui sont censés être du « bon côté ».

Avec l’aide de Simon Rochepeau, Arkady raconte ce récit, cette peur, cette terreur, qui va le prendre lorsqu’il découvrira une chose commise par des soldats irakiens qui va le déranger. Ce qu’il a entendu de la bouche des Irakiens va le travailler et il décide de poursuivre son séjour sur place, prétendant réaliser un film sur l’ERD. Ce qu’il va voir va le faire sombrer dans une sorte de détresse… Et ce pseudo-reportage pourrait lui coûter beaucoup, car Arkady a une famille en Irak.

Nous allons suivre cet acte de bravoure de la part d’Ali pour faire connaitre la vérité au monde entier sur ce qu’il se passe en Irak. Le récit montre bien la façon dont Ali perd confiance en ses « amis » de l’ERD et comment il sombre dans une sorte de torpeur. Nous pouvons dire qu’Arkady va faire un mauvais trip au cœur des ténèbres. Il va même franchir une ligne, cette frontière, qu’il ne devait jamais dépasser, en étant un acteur d’un des drames racontés dans ce livre. Nous verrons aussi ce moment où il passe en commission, en 2017, pour parler de ce qu’il a vu et des photos prises. Il a quand même négocié que sa famille et lui soient mis à l’abri. Car, après cela, les soldats de l’ERD le rechercheront.

Ce récit est fort, très fort. Il réussit à marquer les esprits, à nous mettre en colère.

Arkady a donc quitté son pays et s’est réfugié en France. Son reportage a été publié dans différents médias internationaux. Il a aussi reçu le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre, en octobre 2017, et le Free Press Award à La Hague, en novembre 2019.

Le dessin d’Isaac Wens est incroyable. Il frappe, il percute, il choque, il fait réagir le lecteur. Il n’en montre pas trop lors des scènes difficiles de ce livre, Il crée une ambiance sombre, une noirceur qui accompagne le choc post-traumatique subit par Ali après la publication de son reportage. Wens parvient aussi à faire passer des émotions dans les visages de tous les personnages.

L’homme qui a trop vu est une lecture que je vous recommande, une œuvre permettant de voir une autre réalité sur une guerre qui a été médiatisée et qui cache de nombreuses zones d’ombres. Un document d’une grande importance sur le rôle clé du journaliste de terrain, du correspondant de guerre, du photographe sur le front. A lire !

Par BERTHOLD, le 8 juin 2024