L'honorable partie de campagne

Alors qu’il visite l’Exposition Universelle, en cette année 1922, un diplomate suisse aperçoit une jolie Japonaise qu’il aborde dans l’espoir de la séduire… tout en respectant la bienséance, cela va de soi ! Ils se donnent rendez-vous pour une visite de l’archipel d’Enoshima deux jours plus tard. 

La partie de campagne s’annonce animée. Un grand industriel s’est invité avec d’autres personnalités, tandis que la jeune femme vient accompagnée de deux amies. Il faut, en effet, s’assurer d’une promenade dans la plus grande dignité.

Par legoffe, le 3 mars 2024

Notre avis sur L’honorable partie de campagne

Pour qui connait Jean-David Morvan, le voir adapter le roman de Thomas Raucat (Roger Emmanuel Alfred Poidatz de son vrai nom) n’est pas étonnant. Comme le romancier suisse, le célèbre scénariste de bande dessinée est un amoureux du Japon. Il rend hommage à cette oeuvre qui fête le centenaire de sa première publication. Pour parfaire cet anniversaire, il a pu compter sur les superbes dessins de Roberto Melis.

L’histoire nous plonge dans un Japon en plein essor, où les traditions sont encore très présentes malgré une société se modernise irrémédiablement. Si le choc culturel doit être important aujourd’hui pour un visiteur occidental, ce devait être encore plus spectaculaire à l’époque où Raucat a séjourné dans l’Empire du Soleil Levant. 

Il raconte ainsi sa vision de la culture nippone à travers une comédie dramatique, malicieuse, voire irrévérencieuse, malgré tous les « honorables » qui fourmillent dans les dialogues. 

L’auteur se moque autant des Occidentaux que des Japonais. Les premiers avec leur indélicatesse et leur manque de savoir être, bousculant la bienséance comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Les seconds avec leur politesse hypocrite ou leur misogynie drapée d’honneur et de traditions. 

Le langage raffiné à l’extrême du livre, les confidences des personnages, leur manière caricaturale de vivre le déroulement des faits… L’exploration de l’insaisissable mentalité nippone est poussée à l’extrême pour faire rire le lecteur des imperfections de l’être humain en général, avec une grâce et une habileté étonnantes. Cette précieuse moquerie, qui n’oublie pas le tragique, plaira particulièrement aux esprits honorables et fins, qui s’intéressent aux subtilités de la culture nippone classique. Les autres pourront également s’en sustenter même si certains ressentiront parfois un délicat ennui au fil des pages. C’est selon la sensibilité propre de chacun que l’expérience déroutante évoluera. 

Pour ma part, j’ai beaucoup admiré le travail de Roberto Melis, Quelle élégance dans ces planches quasi monochromes, aux teintes bleutées relevées de quelques marques de rouge. Ce choix artistique recèle une âme toute asiatique. Melis donne tout leur éclat aux tenues de l’époque, à l’architecture ou aux décors naturels. Son travail justifie déjà que l’on s’arrête sur cet honorable ouvrage.

Par Legoffe, le 3 mars 2024

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