Ligne de fuite

Trois récits dans cet album :
Le tour de la disparition : Cathleen a du mal à joindre les deux bouts, avec son emploi de danseuse au Winter Garden Dancing. Elle continue malgré tout de croire en sa musique, en la possibilité qu’un jour elle pourra se faire entendre. Désespérée après s’être fait cambrioler, elle apprend, par une amie, qu’un magicien recherche justement une assistance et que la paye est très intéressante. Alors qu’elle commence les représentations, elle entend parler des précédentes assistantes qui ont mystérieusement toutes disparu…
Perdre corps : Après un tragique accident, une femme imagine apercevoir sa petite fille dans un magasin, elle la suit et l’observe en train de grandir…
Sirène : 1981, deux jeunes hommes entreprennent de cambrioler une maison, mais une sirène les interrompt. Ils s’enfuient, mais l’un des deux est percuté par une voiture, le second s’enfuit. De nos jours, on rencontre un homme d’un certain âge qui a perdu l’usage de ses oreilles. Quand soudain, il découvre qu’il perçoit un ensemble de sons différents, comme une sorte d’appel qui le ramène à un cimetière…

Par fredgri, le 19 août 2024

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Notre avis sur Ligne de fuite

Avec cet album, Robert Cullen signe ici ses véritables débuts dans la BD. Travaillant jusque là dans l’animation, il nous propose trois récits indépendants ou son trait souple et gracieux fait très agréablement le lien entre ses deux univers picturaux.

Ces trois parties sont avant tout ancrées dans une réalité qui ressemble beaucoup à la notre. Des héros qui n’en sont pas, des gens ordinaires qui vont progressivement se révéler à eux-même, une fois confrontés à des évènements extraordinaires.
Il y a cette jeune femme qui accepte de devenir l’assistante d’un étrange magicien, malgré les rumeurs qui parlent de la disparition de toutes celles qui l’ont précédée, au cours de son fameux « Tour de la disparition». Puis il y a cette femme qui, suite à un accident, voit sa vie anéantie après avoir perdu sa petite fille, mais qui pense apercevoir sa silhouette dans celle d’une autre enfant. Ou enfin, cet homme qui a perdu l’ouïe, il y a 40 ans, après avoir été percuté par une voiture, alors qu’il venait de cambrioler une propriété avec un ami… Bien qu’elles soient assez différentes dans leurs intentions et leurs thématiques, ces histoires nous présentent trois personnages qui doivent avant tout se retrouver et renouer avec leur propre vécu, en affrontant leurs peurs, ces multiples erreurs qui viennent rythmer nos vies. Les sujets choisis sont d’ailleurs pertinents par les pistes qu’ils ouvrent à la réflexion, une pause salutaire pour bien prendre le temps de s’immerger dans ces récits.

L’écriture est d’une extrême justesse dans le ton, dans cette façon de brosser des portraits attachants avec beaucoup de pudeur, de finesse. Le tout accompagné par un magnifique dessin touchant par son expressivité et son sens de l’épure qui fait mouche tout de suite.
Une première œuvre qui interpelle par sa maîtrise de la narration et la sensibilité qui s’en dégage, mais surtout par cette émotion suggérée dans chaque plan.

Je conseille de surveiller les prochains travaux de Robert Cullen, ainsi que les futures parutions de Blueman qui annonce quelques belles nouveautés à venir.

Très conseillé.

Par FredGri, le 19 août 2024

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