Limbo Hotel

Quelque part sur la côte écossaise, il y a un petit hameau abandonné de tous depuis très longtemps. Jadis un couple y avait construit un petit ensemble hôtelier appelé le Limbo Hôtel Village, mais quand la jeune femme mourut, l’homme se replia sur lui-même et la clientèle finit par déserter les lieux. Vivant désormais en ermite, entretenant illusoirement les lieux, il vieilli seul, jusqu’au jour ou il découvre un petit bébé abandonné qu’il va appeler Aiden.
Aiden est un petit garçon maintenant. Mais cette vie à répéter les mêmes gestes, à jouer le rôle de groom dans ces maisons vides, dans le silence de l’homme qui ne sait lui dire que « No », ne lui convient plus. Il finit malgré tout par trouver des livres…

Par fredgri, le 6 août 2024

Notre avis sur Limbo Hotel

Enrique Fernandez est maintenant un habitué des campagnes Spaceman Project (Nima, Brigada…) et le voilà donc de retour cette année, après son excellent diptyque Hammerdam chez Ankama, avec un nouvel album au premier abord plutôt jeunesse, mais finalement aux ambiances assez sombres.

Limbo Hotel parle donc d’un homme qui a perdu la femme qu’il aimait alors que tous deux venaient de lancer leur projet d’ensemble hôtelier et qu’ils attendaient un enfant. Dès les premières pages, on comprend parfaitement la solitude et le trintrin qui est désormais le quotidien de celui qui n’arrive pas à oublier. Il entretient en vain les maisons, le jardin et tout ce qui peut éventuellement permettre de recevoir des clients égarés. Enrique Fernandez retranscrit extrêmement bien ces ambiances, le silence qui enveloppe le récit jusqu’au moment ou une carriole vient déposer un petit bébé.
On est tout de suite séduit par la beauté graphique qui se dégage de ces pages. Ce sens de la narration, la fluidité des scènes qui s’enchaînent, mais surtout cette émotion qui se glisse au fur et à mesure dans cette histoire, magnifiquement transcendée par ce dessin d’une incroyable grâce.

On suit donc ce petit garçon qui s’englue dans ce quotidien qui n’a finalement pas à être le sien. Il réussit, un jour, à entrer dans la seule maison du lot qu’il ne doit absolument pas pénétrer, il y découvre des livres qui lui ouvrent alors des univers riches et passionnants qui lui font aussi comprendre que cette vie qui est la sienne depuis son enfance, lui est nocive, qu’il doit partir…

Un album généreux et touchant qui nous fait prendre conscience que parfois la pire prison c’est peut-être celle qu’on s’impose soi-même…

Très conseillé, bien sur.

Par FredGri, le 6 août 2024

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