Locas: A Love & Rockets Book

(Love & Rockets 1 à 50)
Maggie et Hopey, cela résonne comme une de ces chansons des années 80. Deux copines inséparables, les deux égéries des Locas, une groupe de filles qui partagent leurs expériences de la vie au fil des années.
Maggie c’est la fille timide, une as de la mécanique, un brin rebelle et indépendante. Elle répare des fusées, des robots, voyage, a une tante catcheuse et aime secrètement le froid Rand Race. Les gars craquent pour son charme effacé, même si sa silhouette s’épaissie progressivement !
Hopey c’est le petite punk, branchée sur du 220, passionnée, chanteuse de son groupe, moins aventureuse que sa copine, elle aime brailler dans son micro et à l’occasion grapher sur les murs, dans la rue, elle préfère aussi les filles d’ailleurs.
Locas, c’est une partie de leur vie, lentement déroulée au grès d’un souffle. On les suit au fil des années, des déménagements, des virées…
Puis avec le temps Maggie a grossi, les copines se sont installées, Hopey continue ses tournées. Le couple qu’elle forme avec Maggie est passionnel, il ne laisse personne indifférent, les jeunes femmes sont inséparables, elles se cherchent des yeux, s’éloignent, demandent des nouvelles auprès des autres puis soudain se perdent de vue pour vivre leur vie, loin l’une de l’autre. Les copines s’inquiètent, on voit un temps la photo d’Hopey sur les boites de lait tandis que la silhouette de Maggie se balade vers les terrain de catch féminin…

Par fredgri, le 21 juillet 2014

Notre avis sur Locas: A Love & Rockets Book

"Love and Rockets !"
La série culte aux USA ! Une cinquantaine de numéros regroupés dans 15 recueils américains, rassemblés ensuite dans deux énorme volume dont celui ci qui reprend l’intégralité des épisodes écrits et dessinées par Jaime Hernandez.

Créée par les frangins Hernandez, elle se présentait sous forme de comics/magazines contenant diverses histoires, divers univers entièrement gérés par l’un ou l’autre des frères. Jaime s’occupait donc de Maggie, de Hopey et de leurs amis.
Jusque là, les traductions n’ont pas vraiment réussi à conquérir le public français, il a fallu l’énorme travail des éditions du Seuil pour commencer une lente réhabilitation par ici, ce qui permet d’un coup de reprendre tout à zéro et de surtout tout rééquilibrer.

Mais tout cela fut surtout possible grace au monumental travail de Fantagraphics qui propose ici un véritable compendium, l’essentiel des histoires de Jaime pour un prix somme toute assez modeste !

Mais parlons du travail de Jaime Hernandez !
Ce dessinateur a un trait sublime, très beau, très fin et très expressif, une sorte de mélange entre Ditko et Rude, les femmes sont belles sans être des Bimbos, elles sont parfois sculpturales, parfois boudinées, mais toujours pleines de charme, de sensualité. Jaime est celui qui a une approche résolument réaliste dans le sens ou il ne fait que très peu de concession à l’irréel, certes il parle, à de rares occasions (et encore ca relève plus du fantasme qu’autre chose), de robots, de super héros, mais ce qui l’intéresse fondamentalement c’est l’histoire de ces copines, ce qui les lie, leurs vies qui se croisent, qui s’opposent. Dans ce sens nous nous retrouvons entre feuilleton et fresque sociale, de la rue, de la scène punk, du quotidien…

Et c’est passionnant, du début à la fin, je me suis laissé prendre au jeu, à ces moments de légèreté qui permettent de comprendre un sous-entendu, une ellipse et de construire, à notre façon, un lien vers Maggie, par exemple, qui reste le pivot de Locas.
C’est très vivant, très rythmé, on croise des flashback, des variations de rythme, des bonds de quelques années dans le futur, les personnages évoluent assez vite, les coiffures changent tout le temps, mais à aucun moment nous ne perdons le tempo, d’autant que le travail sur les perso ent particulièrement approfondi.

Une oeuvre ambitieuse qui continue encore actuellement avec le volume 2 de Love and Rockets, ainsi qu’une tripotée de mini séries reprenant tel ou tel personnage !
Car il s’agit bien ici d’une série culte, une indispensable série qui reste encore un des gros must de la bande dessinée moderne. Avec cet album de 780 pages se construit donc, devant nous, la première époque des "aventures" de Maggie et Hopey, ces deux jeunes femmes qu’on suit depuis leur adolescence, qu’on a vu grandir, évoluer, assumer pleinement leur amour l’une pour l’autre.
Je reste encore sous le charme de cette lecture, de ce dessin magnifique, pur, parfait.

Jaime Hernandez brosse ainsi le portrait d’un groupe d’amis rebelles, punks et anarchistes qui se range progressivement, mais en n’oubliant absolument pas ses racines et cette envie de rester insoumis. Il a eu la chance de pouvoir faire ce qu’il voulait, sans contrainte éditoriale, sans avoir à se soumettre à un rythme plus soutenu. Ses personnages sont donc passionnant à suivre, il se dégage de chacun d’eux une personnalité incroyable, qu’il s’agisse bien sur d’Hopey et Maggie, mais aussi Penny, la sculpturale Danita, Doyle, Ray, la tante catcheuse, les collègues stripteaseuses… On les suit, ils deviennent nos amis, on comprend les sous-entendus qui se glissent, les allusions, puis à l’occasion d’un flash-back on retrouve la troupe à ses débuts, les premières rencontres, les souvenirs…

Ainsi, Locas c’est à la fois un comics presque hypnotique, qu’il décrit une époque enthousiasmante, mais c’est la découverte d’un formidable auteur !
Indispensable, on vous aura prévenu !

Par FredGri, le 21 juillet 2014

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