Lodger

Toutes les héroïnes de David Lapham semblent se concentrer dans la silhouette de Ricky Toledo. Ce caractère sauvage et sanguin, cette indépendance de fonceuse, prête à tout, c’est pratiquement le même profil que l’on retrouve tout au long des pages de Stray Bullets, dont Lodger apparait vite comme la version ultra condensée.
Et d’ailleurs, si la lecture des 5 volumes très épais de la série fleuve de Lapham peuvent vous refroidir, par leur ampleur et la multitude d’intrigues qui s’y déploient, je ne saurais assez vous conseiller de découvrir sans plus attendre cette mini-série, qui date initialement de 2019, tant les codes sont les mêmes, les ambiances et l’urgence qui nous tient aux tripes tout du long…

Encore une fois, David Lapham, assisté de sa femme Maria, nous propose un scénario sombre et crasseux, où se mélangent le passé et le présent, avec un catalogue de personnages bien dans le style de ce que Lapham nous sert habituellement, entre monstres et gens ordinaires.
Mais il n’est pas forcément toujours question de bien et de mal dans ces univers, ni de respecter scrupuleusement les codes du polar. Quand Ricky franchit la limite, qu’elle laisse derrière elle cette figure de fille souriante, presque insouciante, elle devient une chasseuse, prête aux pires extrémités pour coincer celui qu’elle poursuit.

Pas de morale complaisante donc dans Lodger, c’est une course poursuite sans issue, teintée de fascination, d’une certaine ambiguïté entre ces deux individus vivant sous tension, se cherchant du coin de l’œil.
Le scénario est sec et tranchant, bien que l’on puisse aussi être ému par ces destinées perdues. Toutefois, cette écriture cinglante ne nous promet rien et surtout pas que tout se terminera bien.

Un maître à lire et relire, absolument.

Par FredGri, le 13 septembre 2023