Loin de la route

Eternel bourlingueur, Gauguin fini par se poser en 1901 aux Marquises où il va retrouver un terrain propice pour libérer son énergie et sa sauvagerie originelle. Sur cette ile de Hiva Oa où il n’y a rien, il va construire sa cabane, espérant tourner le dos à une civilisation européenne qu’il ne supporte plus.

Par olivier, le 29 novembre 2013

Notre avis sur Loin de la route

La solitude et le dénuement matériel l’entrainent vers l’alcool et les femmes, beautés haïtiennes qui resteront peut-être ce qu’il y a de plus marquant dans sa peinture et en tout état de cause, ce qui vient immédiatement à l’esprit quand on évoque le nom de Paul Gauguin.
Le paradis qu’il représente sur ses toiles explosant de couleurs, aboutissement de son trajet d’artiste, sont peut-être une représentation d’un rêve, d’une plénitude qu’il ne parvint jamais à atteindre. Le récit de Maximilien Le Roy nous peint le désespoir de Gauguin, une fatigue du monde qui l’entraine dans d’excessifs débordements.
La période prise en compte est brève, une vingtaine de mois, les derniers de l’artiste, mais ils offrent en condensé toute l’âme du peintre. Excessif et inspiré, sa rage contre l’ordre établi qu’il pensait pouvoir fuir trouve dans cette ile une nouvelle cible, le colonialisme et la religion. Maximilien Le Roy nous dévoile la face cachée de Gauguin avec un récit extrêmement fort, parfois violent, très éloigné de la douceur des iles sous le vent et de la contemplation sereine des paysages et des vahinés.
Il braque son projecteur sur un Gauguin révolté, tentant d’aider les indigènes, qui n’en demandent pas tant, contre l’esprit colonialiste qui s’impose par ses règles civiles à une culture qui n’en a cure.
Le récit est puissant à l’image de la force de vie qui habitait Gauguin, Maximilien Le Roy révèle un peintre déchiré, autodestructeur dont la présence emplit l’espace de l’album.
Superbement épaulé par le dessin de Christophe Gaultier dont le trait épais porte le récit, magnifiant les personnages et imposant un climat de folie subtile et gangrénante. Les couleurs de Marie Galopin apportent à l’ensemble un équilibre, un ressenti de vie pris sur le vif, comme un carnet de voyage au cœur d’un immense artiste.

Voici un album qui marque, qui ouvre l’appétit sur les œuvres de Gauguin dont on ne peut plus regarder les toiles d’Océanie avec le même regard un peu pauvre du néophyte.

Par Olivier, le 29 novembre 2013

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