LONG HIVER (LE)
1918

Égaré en plein bombardement, Baptiste Beaufils finit par émerger au cœur d’un monde enchanté. Ébloui par l’étrange beauté de l’univers qu’il découvre, le jeune soldat finit par comprendre qu’il est au pays des fées…

Par melville, le 24 août 2012

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Notre avis sur LONG HIVER (LE) #2 – 1918

Globalement l’accueil critique réservé au premier volet du Long Hiver est loin d’avoir rendu hommage au travail de Patrick Mallet. Si on pouvait lire dans nos colonnes sous la plume de Legoffe : « le récit est parfaitement maîtrisé et apporte de la nouveauté dans un genre (le récit de guerre) maintes fois exploitées […] Cette bande dessinée originale est donc une vraie réussite. L’album sort indéniablement du lot des productions du moment. » (chronique du tome 1), c’est bien l’exact opposé qui était reproché, ce qui – à mon sens – trahit une méconnaissance de l’œuvre de Patrick Mallet. Car si Le Long Hiver peut soutenir sans pâlir la comparaison à C’était la guerre des tranchées (Tardi), La lecture des ruines (David B.) ou encore Notre Mère la Guerre (Kris et Maël) c’est qu’il emprunte des chemins différents non encore explorés et des liens évidents se tissent entre ce nouveau diptyque et ses précédents albums. Apanage des grands que de construire, albums après albums, séries après séries – sciemment ou non – une œuvre cohérente.

Dans Le Long Hiver, si le merveilleux (ici pleinement assumé) succède au fantastique (plus latent que véritablement explicite) d’Achab, les structures des deux récits restent très proches. Le socle historique solidement documenté – sans pour autant fétichiser les microdétails – se révèle être un écrin de choix offrant un contre-champ réaliste en miroir duquel s’épanoui le surnaturel. Cette articulation entre le concret et le mystique repose avant tout sur l’illustration. Naïf, imparfait peut on lire à propos du trait de Patrick Mallet, certes, c’est un fait. Mais il faut voir comment l’auteur intègre et assume ce qui pourrait être – chez d’autres – des défauts pour donner à son dessin une émotion tangible. La crédibilité d’un monde merveilleux et donc la croyance que lui accorde le lecteur repose pour beaucoup sur une atmosphère, chose dont rendent parfaitement compte les couleurs d’Aurélie Lecloux qui marchent dans les pas de Laurence Croix.

Le regard, comme en témoigne les gros plans sur les yeux à une importance capitale chez l’auteur. Déjà Achab, les yeux grands ouverts cherchait à percer le secret de Moby Dick ; ici c’est Baptiste qui voit le monde invisible d’Adara. Les yeux du fou perçoivent des choses interdites aux sains d’esprit. Le Cachalot Blanc pour Achab, les faeries pour Baptiste, dans ces deux récits il est question de l’autre : la bête, les fées, et donc de nous : les Hommes.

Refusant tout naturalisme, Patrick Mallet emprunte les chemins des mythes et du romanesque. Conteur hors pair, la narration tant visuelle (par le découpage) que « verbale » (ou alterne dialogues et voix off par l’intermédiaire du genre épistolaire – incontournable pour un récit sur la Première Guerre mondiale) suscite tour à tour l’identification et la prise recul (offrant une dimension universelle au propos), Le Long Hiver est bien avant tout un conte. Et cette nature était annoncée dès les premières planches du tome 1 où derrière les cases s’abattait la faux incluant ainsi le récit historique dans une dimension autre…

Avec la conclusion de La Légende du Changeling (Pierre Dubois / Xavier Fourquemin), cette année aura été riche pour les amateurs de fantasy dont la flamme brille à nouveau. Serait-ce un présage annonçant la fin du long hiver ? L’espoir est de mise.

Par melville, le 24 août 2012

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