Long Kesh, l'enfer irlandais

Quand le médecin vient voir Bobby Sands dans sa cellule, c’est pour tenter de le persuader de cesser cette grève de la faim qu’il mène pour protester contre les conditions de détention de Long Kesh, la prison du Maze ou il est incarcéré depuis septembre 1977, en Irlande du Nord ! Ce militant de l’IRA, a été condamné à 14 ans de prison pour port d’arme illégal, il mène très activement une longue lutte pour les droits et la dignité… Pour faire comprendre cet acte de rébellion, il raconte alors son quotidien en cellule et l’évolution de son engagement…

Par fredgri, le 12 septembre 2019

Notre avis sur Long Kesh, l’enfer irlandais

Comme l’explique assez justement l’avant propos, le 6 décembre 1921, le traité anglo-irlandais débouche sur la naissance à l’Irlande à l’issue de la guerre d’indépendance irlandaise, ce qui scinde en deux le pays. Ainsi, le nord de l’Irlande à majorité protestante reste au sein du Royaume- Uni. L’IRA (Armée républicaine irlandaise) est elle aussi divisée, en son sein certains refusent le traité de paix et demandent que l’Irlande soit réunifiée. Le mouvement se scinde en 2 groupes, l’IRA officielle, plus prompte à la négociation, et l’IRA provisoire, plus radicale et activiste.
La Grande Bretagne envoie donc des militaires qui s’installent sur l’île. Suite au Bloody Sunday, le 30 janvier 1972, la situation empire. A partir de 1971, les prisonniers considérés comme les plus dangereux sont enfermés à Long Kesh, dans des bâtiments appelés "H-Blocks", avec le statut de prisonnier politique. Mais en 1976, le gouvernement britannique met fin à ce statut spécial, les prisonniers sont considérés dorénavant comme des droits communs, subissant désormais des séances de tortures systématiques, d’humiliation inhumaines…

C’est dans ce cadre que se déroule donc l’histoire que nous découvrons dans ces pages. Bobby Sands est un membre actif de l’IRA, mais pas forcément l’aile la plus radicale. Le combat qu’il mène donc n’est pas lié aux engagements de son mouvement, mais bel et bien aux conditions de son emprisonnement, ainsi que celles de tous ses compagnons d’infortune.
Plus nous avançons, plus nous sommes touchés par l’incroyable traitement que les matons leur infligent et qui les pousse à progressivement trouver des solutions pour manifester leur mécontentement, qu’il s’agisse de ne pas accepter les vêtements des prisonniers de droit communs, ne se vêtir que de couverture, puis faire la grève de l’hygiène pour mettre en cause le refus qui leur est donné d’avoir accès aux douches, puis enfin une grève de la faim qui va durer, dans le cas de Bobby 66 jours, jusqu’à sa mort…

Stéphane Heurteau nous livre un travail de documentation exceptionnel, qui tient compte de l’émotion, certes, mais aussi des faits qui se sont progressivement déroulés. Et ce drame qui se joue devant nous, cette violence, nous tordent les tripes, nous entraînent dans un monde qui est pourtant le nôtre, mais qui semble plus correspondre à une vision de l’enfer !
C’est dur, troublant même, et on a parfois du mal à simplement comprendre comment on peut infliger ça à des êtres humains ! Mais cette émotion fait partie de la matière même de l’album, il faut ressentir, il faut vibrer en lisant ces planches et de ce point de vue là, il faut bien admettre que c’est parfait !

Graphiquement, le style reste assez épuré, avec ce qu’il faut d’expressivité pour bien appuyer le propos !

Un album coup de poing, important pour mieux comprendre jusqu’où les hommes peuvent aller pour rester fidèles à leurs principes. Une vraie leçon d’Histoire !

Vivement conseillé !

Par FredGri, le 12 septembre 2019

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