LOOKBOOK
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"Le trou du cul 2015 porte une barbe de merde". Ça commence fort, et les barbus parce-que-c’est-la-mode en prennent pour leur grade. Mais le bât ne blesse pas qu’avec le titre : sur l’illustration, le personnage (barbu, donc) est observé jusque dans les moindres détails visibles : ses habits, ses bijoux, ses tatouages… Tout passe à la critique acerbe de l’auteur qui n’y va pas avec le dos de la cuillère, remplaçant tous les adjectifs par des compléments du style : "de fils de pute", "de gros enculé", etc, etc…

Chaque page réserve le même type de tableau. La lecture se fait donc très vite et ces "remarques" puantes sur les attributs des pauvres modèles se succèdent à une vitesse folle, ad nauseam… L’humour laisse la place à une certaine lassitude, d’autant plus que cet abattage ne débouche même pas sur une conclusion, sur des contre-exemples ou sur une auto-critique de Salch.

Les personnages sont pour la plupart des représentants : des inconnus. On remarquera pourtant à l’occasion une tête connue (Nadine Morano, la reporter hongroise qui a fait le buzz avec son croche-patte à un migrant…). Mais tout le monde, connu ou inconnu, quel que soit son statut social, se fait descendre sur son style. Ah, oui, ça se calme un peu, parfois, sur certains individus comme le "Migrant 2015", par exemple. (L’auteur aurait-il quand même un fond d’humanité ou de bonne conscience ?! Des remords ? Une éducation ? ^^) Ça se calme aussi quand il lui prend de remplacer des critiques écrites par des prix de fringues, comme dans les catalogues bien connus de vente par correspondance ; mais alors, ça reste dédaigneux. M’enfin, dans l’ensemble, c’est un festival de mauvais goût, un tourbillon grandissant de haine verbale qui se veut drôle mais qui ne réussit à l’être qu’un peu, un chapelet d’horreur vomies sur les gens dessinés. Des clins d’œil osés… Un défouloir qui plaira forcément à ceux qui veulent "s’en payer un"… De la méchanceté gratuite, aussi, oui… mais à 9 boules 90 quand même !

Heureusement, on sait que c’est de l’humour. (Ouuuuf !) Et comme on est Charlie et qu’on sait jusqu’où peut aller l’humour même si on n’y adhère pas forcément, on dira pour conclure que Lookbook est un putain de livre de gros enculé de sa race de bâtard. Et là, c’est vrai que d’un seul coup, c’est plus clair et que ça donne envie de l’acheter.
 

Par Sylvestre, le 11 juin 2016