L'ORATEUR

Marcus Cornelius Florens est un avocat réputé et excentrique. Hypocondriaque à ses heures, il se voit consulté par son ami, le docteur grec Edilus, accompagné de son épouse Hypatia. Celui-ci souhaite déshériter, voire tuer son fils Alexandros, et désire être défendu par lui. Considérant cette proposition peu stimulante, l’avocat la décline derechef. Deux jours plus tard, Marcus est avisé par le questeur Brutus Tertullianus qu’Elidus a été assassiné et que son fils, suspecté du meurtre, a été emprisonné. Il décide d’aller sur les lieux du crime pour découvrir quelques indices qui pourraient l’aider à s’engager dans la défense d’Alexandros. Ayant déjà trouvé un témoin oculaire en la présence du perroquet du médecin, il décide de consulter un aruspice qui lui prédit que l’enquête qui s’annonce, entre menteries et duplicités, va être compliquée à mener. Aura-t-il la possibilité, lui le vieil avocat, de faire valoir ses talents d’orateur dans le procès qui se prépare ?

Par phibes, le 7 février 2024

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Notre avis sur L’ORATEUR

S’étant construit une très bonne réputation grâce à ses travaux de scénariste sur les séries comme Gaijin, L’astrolabe de glace, Les 7 merveilles, R.U.S.T…, et également lors de one-shots dans des sagas comme Le casse, Sept, WW2.2…, l’auteur italien Lucas Blengino revient dans une nouvelle histoire qui a le privilège de nous transporter au 2ème siècle de notre ère. Pour cela, il s’associe à David Goy avec lequel il est à l’origine d’une histoire du Far-West (Little Big Horn) parue en 2023.

De fait, les coscénaristes remontent beaucoup plus dans le temps et nous transportent dans la Rome du début du premier millénaire pour nous faire rencontrer un personnage ô combien charismatique, un avocat enquêteur assurément très doué dans la manière de mener ses investigations mais aussi d’une excentricité exacerbée. C’est donc à la suite de l’assassinat d’un ami médecin et de l’emprisonnement rapide du fils de la victime que le fameux orateur va se lancer dans une enquête haute en couleurs et en rebondissements suivi d’un procès qui ne l’est pas moins.

On saluera la verve mise en avant qui, actualisée volontairement, bénéficie d’une belle recherche dans les formules. La tonalité basée sur une éloquence très subtile pour ne pas dire impudente est des plus marquantes, les joutes oratoires de ce personnage atypique étant réellement croustillantes voire cocasses et même parfois surprenantes. Les auteurs font en sorte de camper le fameux Marcus, visiblement imbu de sa personne, dans une position pratiquement inébranlable, ce dernier ayant toujours un tour d’avance sur tout le monde. Véritable limier à l’image de Sherlock Holmes pour dénouer une intrigue des plus sordides, l’orateur nous régale donc à toutes les pages. Ses agissements, souvent incompris à prime abord, génèrent un déroulement de l’enquête volontairement décousu qui suscite une grande curiosité de la part du lecteur.

Fidèle des coscénaristes, Antonio Palma conforte son talent de grand dessinateur. Celui-ci démontre dans l’animation de Marcus et de son entourage ancestral une rigueur artistique très impressionnante. L’artiste nous en met plein les yeux sur la somme de détails qui accompagnent des personnages superbement croqués dans des postures, des expressions ciselées avec soin. On se plait à visualiser les différentes facéties de Marcus qui, par ce biais, devient un véritable catalyseur de cette enquête policière. Une salve d’applaudissements est à réserver au travail sur les couleurs qui donne une vision chaude et en relief de cette épopée romaine.

Une excellente aventure ancestrale aux accents policiers qui vaut par la grande qualité des joutes oratoires de l’impressionnant Marcus et également par la beauté du graphisme. On en redemande !!!

Par Phibes, le 7 février 2024

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