LOU!
Le cimetière des autobus

Le deuxième tome le laissait un peu présager  mais disons le tout net : on rit quand même un peu moins dans ce 3ème tome. Disons que c’est un peu plus "sérieux" (ça fait bizarre de dire ça pour Lou).

Mais ce n’est pas pour autant que sa lecture n’est pas agréable. Au contraire. J’ai beaucoup apprécié de découvrir un peu plus l’univers de Lou. Car elle va traverser une période difficile, ce passage tant redouté qu’on appelle adolescence. Eh oui ! Contrairement à la plupart des héros de la collection Tchô, Lou grandit. Elle a 13 ans maintenant !
De fait, on la suit dans tous ces petits tracas. Et sincèrement, Julien Neel fait preuve d’un grand brio pour raconter tout en délicatesse les chamboulements dans la vie de notre petite héroïne (et gageons que ce n’est pas fini ! : o)).

Le fait marquant est la rupture avec Mina (dois-je vous rassurer ou vous laisser dans l’angoisse ? : o)), qui arrive sur une bêtise, puisque chacune croit que l’autre a trouvé meilleure amie. Typiquement féminin et adolescent répliqueront les mauvaises langues.
Mais non, pas du tout. En fait, tout cela fait partie de la crise d’adolescence de Lou et est admirablement rendu : cette fragilité propre aux jeunes, l’impression d’être transparent, de perdre ses repères… Ce phénomène est amplifié par les rencontres de Lou. Le lecteur était habitué à son monde « sain » : un entourage parfois bizarre (hein Richard?!), mais tellement attachant et drôle, et finalement pas si éloigné de nous.
Avec la rencontre de Marie-Emilie (mortelle !) puis de Karine, on se prend une petite claque : c’est tout le contraire de Lou et Mina : révoltées, complètement déphasées par rapport aux parents, etc.

Il y a aussi l’apparition du père, fugace, qui nous fait penser qu’il pourrait bien un jour débarquer dans sa vie. Comment Lou réagira-t-elle alors ? Mystère, mystère…

Bref, cet album aborde de manière un peu plus directe (parce que mine de rien, les deux précédents aussi, mais plus subtilement, plus innocemment, dirais-je) des sujets quotidiens, réels, palpables. Je trouve ça bien qu’une telle série, avec des personnages si attachants, soit présente dans la collection Tchô ! Je trouve qu’avec ses différents degrés de lecture, il s’adresse à toutes les générations.

Je vais quand même vous détendre les zygomatiques : Heureusement, tout le récit est parsemé de réels moments de bonheur et de fous rires : Julien Neel n’a rien perdu de son humour potache, par exemple lorsque Richard, Lou et sa maman vont voir les premiers exemplaires en vente de Sidéra. Excellent !

Sincèrement, je me demandais comment Julien Neel allait rebondir dans son 3ème tome après nous avoir montré Lou dans sa ville, puis en vacances. Et justement, "Le cimetière des autobus" relance tout, et pose la base d’une nouvelle orientation de la série, un peu plus "sérieuse", plus fouillée. Et c’est tant mieux!!

Comme, pour finir, son dessin est toujours aussi charmant et épatant, ai-je vraiment besoin de vous conseiller de faire un crochet par le libraire ce soir ?

Par PATATRAK, le 21 juin 2006