LOUP DE PLUIE
Tome 1/2

Tout commence dans ce saloon, avec Ingus Limb qui entre, qui va au bar et qui aperçoit Loup de Pluie qui joue aux cartes dans un coin. L’indien ne cause aucun ennui, mais sa présence suffit pour agacer Ingus. Ce dernier le provoque et cela se termine par ultime insulte dans la rue et un coup de feu qui le laisse, inerte, au sol.
Un indien qui tue un blanc, c’est suffisamment grave pour qu’on demande illico une mise à mort dans les formes. Or Bruce Mc Dell, le fils ainé du grand patron local des chemins de fer, prend l’indien sous sa protection et le fait sortir de prison.
Mamie Limb est donc prévenue de la mort de son fils, elle alerte les Cody qui vont alors se lancer dans une chasse punitive, qu’importe celui qui se mettra sur leur chemin, il n’y a, pour eux, qu’une issue…

Et pendant ce temps, le plus jeune McDell, Jack, tombe amoureux de la belle Petite Lune, un soir, au bord d’une rivière, juste après la pèche. Ils sont jeunes, insouciants !

Par fredgri, le 6 septembre 2012

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Notre avis sur LOUP DE PLUIE #1 – Tome 1/2

"Loup de pluie" est de ces westerns, âpres et durs, qui nous prennent aux tripes dès les premières pages. Les dialogues sont à la fois évocateurs et quelques peu sentencieux. Ce qui permet d’installer tout de suite une atmosphère à couper au couteau, qui mêle une certaine sécheresse à un ton plus tragique, entremêlé de petites pointes d’un romantisme assez léger.

Et l’alchimie fonctionne tout de suite. On découvre ces familles soudées par une sorte de drame en suspension au dessus d’eux. Cette tension qui habite chaque page, même les plus calmes, nous renvoie à des drames Faulknériens, une simple scène qui fait tout basculer, qui fait douter, qui entraîne le moindre protagoniste vers une histoire tragique. On le sent dès les premières cases avec le monologue de Blanche, qui semble annoncer, telle une Cassandre moderne, les morts à venir !

Le scénario de Dufaux nous fait glisser d’un lieu à l’autre, tout en construisant petit à petit la guillotine qui va bientôt s’abaisser sur les uns et les autres.
Au milieu de tout ça, j’avoue avoir bien aimé les moments entre Jack et Petite Lune. Le regard que porte la jeune fille sur le jeune homme qu’elle observe depuis quelques temps nous permet, de façon assez subtile, de bien comprendre que même si la violence semble être irrémédiable, il y a toujours une flamme plus posée à allumer, une passion qui pourrait contre balancer ce qui se prépare.

Toutefois, Dufaux ne traîne pas non plus dans son développement. Ce premier épisode nous présente une situation pratiquement écrite par avance, que rien ne semble pouvoir enrayer. Peut-être que du coup il abat trop de cartes, qu’il annonce trop les choses, qu’il neutralise un peu certains effets, oui peut-être. Néanmoins, il arrive aussi à brouiller quelques pistes, même si cela peut apparaître comme assez prévisible. Mais, tout de même, ces hommes et ces femmes semblent moulés dans la terre qu’il martèlent en se poursuivant, ils portent en eux cette malédiction de l’ouest sauvage qui se perd dans les conflits entre "blancs" et "peaux rouges", qui fausse la partie, qui laisse derrière elle les uns désillusionnés et les autres meurtris à jamais.

La mise en scène est très astucieuse, sautant de l’un à l’autre, semant quelques fausses pistes et permettant d’aborder plusieurs histoires en même temps. Du Dufaux en pleine forme, magnifiquement secondé par Pellejero qui arrive vraiment à dépeindre des personnages très forts. Je lui reprocherais juste de souvent se cantonner à des visages inexpressifs, ce qui renforce l’impression d’inéluctabilité de cette histoire, de résignation aussi !

Un album qui doit se lire d’une traite, mais qui prendra certainement tout son élan avec la deuxième et dernière partie.
De la BD très forte qui vous bouleversera !

Très conseillé !

Par FredGri, le 6 septembre 2012

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