Loup pour l'homme (un)

Dans les années 20, sur les terres du Baron, une femme ayant refusée de répondre aux avances agressives de son maître est retrouvée pendue le lendemain. Sa fille, la petite Maya, est alors chassée du domaine. Durant les années qui vont suivre, elle va survivre tant bien que mal, aidée par les attentions de son ami Markus qui travaille pour le Baron. Huit ans se sont passées, Maya est devenu une jeune fille quelque peu sauvage, entourée d’une meute de loup. Dès qu’elle le peut, elle se met en travers, discrètement, des après midi de chasse de celui qu’elle a appris à détester… Mais le Baron cache lui aussi un secret…

Par fredgri, le 30 mai 2023

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Notre avis sur Loup pour l’homme (un)

On se souvient encore du très beau diptyque La Mémoire de l’eau du duo Mathieu Reynès et Valérie Vernay, qui nous emportait dans un récit intimiste et touchant. Nous les retrouvons avec ce nouvel album tourné cette fois vers un registre fantastique plus sombre et dramatique.

Nous découvrons ainsi le domaine du Baron, une propriété au centre d’un ensemble de vastes terres, isolées, ou le maître règne sur ses employés d’une main de fer, accompagné par ses deux enfants, Eugène et sa sœur Louison. À leurs côtés, il y a Camille, le garde chasse/bras droit et le jeune Markus qui est considéré par tous comme le troisième enfant du groupe. Le Baron a néanmoins la réputation d’être dur et sans considération particulière pour le « petit personnel », et si par malheur, il se retrouve avec une femme de ménage assez mignonne, il va vite estimer être en droit d’abuser de ses privilèges. C’est ce qui arrive, un soir, de retour d’une partie de chasse fructueuse. Il tente d’abuser de Maria, sa bonne à tout faire, mais elle lui résiste et finit par le mordre au sang. D’un geste de la main, il la frappe et se rend vite compte qu’il vient de la tuer. Pour maquiller son forfait, il pend la jeune femme et déclare qu’elle s’est suicidé. Sa petite fille Maya, désormais orpheline, est chassée de la propriété…
Les années passent, et Markus, très attachée à la fillette, l’aide discrètement en lui amenant de la nourriture, mais Maya doit survivre coute que coute, au milieu des loups qui rôdent.
Souffrant de violente crise de somnambulisme, le Baron doit suivre un traitement assez éprouvant, mais qui lui permet de tenir et de dormir normalement, sans pour autant éteindre cette mystérieuse flamme qu brule en lui depuis quelques temps…

Mathieu Reynès construit une intrigue familiale très finement dosée où se glisse progressivement, par petites touches, le fantastique.
Toutefois, il est bien plus question ici d’explorer les relations qui se sont tissées au fil des ans entre chaque membre de ce groupe, d’apprécier la hiérarchie implicite qui régie le quotidien de cette famille, mais surtout de revenir sur Maya et son étrange personnalité. La jeune fille n’est plus seulement une simple sauvageonne qui vit en marge, dans la forêt, mais le reflet d’une histoire complexe et maudite. Dès le début, on se doute que tous les évènements vont à un moment donné se rejoindre, qu’il faudra « payer » les erreurs du passé. C’est peut-être pour ça que finalement les véritables héros de l’histoire sont les enfants eux même, ceux qui doivent comprendre et dépasser ce passé pour avancer vers autres chose, pour pouvoir même grandir…

Un scénario haletant et extrêmement bien dosé qui se lit d’une traite, montrant encore une fois la finesse d’écriture de Reynès.

Graphiquement, Valérie Vernay propose des planches très agréables et complètement en phase avec le récit. On reste dans une approche assez épurée qui met bien plus l’accent sur les expressions que sur les détails inutiles. C’est beau et très efficace. Du bon boulot.

Un one-shot qui se révèle une belle surprise.
Très conseillé.

Par FredGri, le 21 mai 2023

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