LOVELESS
Thicker than Blackwater

(Loveless 6 à 12)
Wes Cutter est donc devenu le shérif de Blackwater, un shérif que tous déteste  depuis qu’il s’est fait prisonnier par les nordistes, depuis qu’il a failli à sa mission, depuis qu’il leur montre à chaque instant l’image de la défaite. Mais un shérif, surtout, qui va devoir s’imposer et tenter de faire respecter un semblant de loi, même si lui même a du mal à bien comprendre ce que cela veut dire. Pendant ce temps, sa femme Ruth continue d roder aux alentours, tuant un par un ceux qui l’ont jadis humiliée, violée et bannie. Mais voilà qu’un mystérieux assassin apparait dans le coin, tout d’abord en massacrant un couple de fermier, atrocement, puis en faisant peser sur la ville la peur du prochain coup. Wes commence son enquête…

Par fredgri, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur LOVELESS #2 – Thicker than Blackwater

Un deuxième volume qui montre bien tout d’abord le très grand potentiel de cette série mais surtout l’incroyable virtuosité dans l’écriture de Azzarello, qui joue ici avec les allers et venues des flash-back, avec les souvenirs des uns et des autres, les non-dits, les mystères, la vengeance etc. Tout les thèmes habituels de ce remarquable scénariste sont ici présent, cette violence brute et sèche , cette façon de jouer avec le langage, l’argot, de dépeindre des personnages qui ont leur secret, qui jonglent avec les manipulations des uns et l’aveuglement des autres… On a souvent reproché à "Loveless" d’être une série quelque peu hermétique, mais finalement je trouve que c’est au contraire très lisible, même si c’est vrai qu’il faut vraiment s’immerger dans le récit pour glisser entre les époques, les flash back etc. Car "Loveless" est une série exigeante qui brasse une matière très vivante mais aussi très brutale.
Dans cette série Azzarello explore l’amertume qui envahit les sudistes après leur défaite pendant la guerre de sécession, on est dans une région ou le racisme fait partie de la pensée commune, ou les massacres pendant la guerre sont justifiés par la necéssité de la guerre elle même. Les hommes sont déchus, pratiquement sans rêve, forcés de cohabiter avec ceux qui les ont vaincus, qui les ont humiliés et qui continue de faire peser leur pouvoir en leur mettant le nez dans leur défaite. En cela le scénario de Azzarello me rappelle certaines ambiances de Faulkner par exemple, ou encore la série Deadwood.
Je reste un fan inconditionnel de cette série qui n’a pas suffisamment marché et qui s’est vue annulée au numéro 24, alors qu’elle demeurait l’un des plus beaux exemples du potentiel que peut encore avoir le western aujourd’hui !
Très très très recommandé si vous aimez les histoires desillusionnées, les récits de vétérans de la guerre sécession, ou tout simplement si vous êtes un fan d’Azzarello dont c’est ici l’un des meilleurs boulots !

Par FredGri, le 17 juin 2009

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