Luck

Pierre-Luc est arrivé à un point où il fait l’amer constat qu’il stagne dans la vie. Lui, son truc, c’est les graffiti, et c’est vrai que personne ne dessine comme lui ces fameux crânes dont il orne les murs de la ville. Mais quand on a son âge, qu’on sèche allègrement les cours et qu’au bilan, on se rend compte qu’on va bientôt passer de mec cool à looser parce que faire des graffiti ne nourrit pas son homme, on se dit qu’on est en train de louper le coche…

Comment Pierre-Luc pourrait-il sortir de ce cercle vicieux qui le retient et enfin donner un sens à sa vie ? Cette intervenante, qui est venue leur parler en classe de son travail artistique, lui apportera-t-elle un début de réponse ? Vaincre sa timidité et enfin aborder la belle Julie déclenchera-t-il en Pierre-Luc ce qu’il lui manquait pour que sa vie sorte des rails qui le faisaient tourner en rond ?

Certaines réponses sont sur les murs de la ville et sur les terrains de sport. Elles sont surtout aussi au plus profond de Luck…
 

Par sylvestre, le 19 juin 2010

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Notre avis sur Luck

Dans ce one shot auquel on imaginerait facilement une suite, l’auteur de Mertown Ville, Michel Falardeau, nous conte la difficulté qu’a son jeune héros Pierre-Luc (Luck) à s’ouvrir au monde, lui qui, sorti de son plaisir de dessiner des graffiti, a bien du mal à s’imaginer un avenir solide.

"Rebelle en plastique", il l’est aux yeux de ses proches qui eux, colocs, copains ou parents, ont un boulot ou au moins sont sérieux dans leur scolarité. C’est donc pour Luck le moment de la réflexion et de l’orientation, et s’il n’est pas question pour lui de choisir un métier, il est cependant grand temps qu’il se bouge, qu’il se motive, qu’il sorte d’un train-train patachon et sans ambition. Deux possibilités pour lui dans cette histoire : l’art ou l’amour. A lui dès lors de voir, de vivre, de choisir…

Chronique urbaine par excellence dans laquelle Michel Falardeau convoque deux de ses grandes passions : l’art et le basket, Luck est un récit dans lequel on retrouve un peu du style de Foot 2 rue, de En sautant dans le vide ou de titres des éditions Ankama, par exemple. Parce que c’est un récit moderne dans les situations et dans les dialogues, dans les traits et dans les couleurs, aussi, qui sont ici (et c’est logique) empreints du style graf‘. On aime aussi, entre autres, cette comparaison qui est faite entre les flics et les gorilles : une comparaison qui, une fois faite, verra effectivement les policiers transformés en agressifs primates dans les vignettes où ils apparaîtront ! On apprécie enfin inévitablement ce côté raisonnable de la bande dessinée, à savoir la réflexion que mène le héros sur l’avenir qu’il se souhaite.

Tous ces éléments servent bien l’histoire qui nous emmène jusque sur un terrain de sport après nous avoir fait traverser terrains vagues, école et… réflexions intérieures (parfois pleines d’humour !) Une histoire pleine d’humour en effet, mais aussi d’amour, de bon sens, et d’un poil de rêverie !

La déception viendra par contre du fait que si deux pistes s’offrent à Luck pour qu’il sorte de son fade quotidien, aucune n’est explorée jusqu’au bout. Comme si l’auteur avait voulu mettre son héros sur la voie sans l’accompagner jusqu’au bout. Ainsi (attention, spoil !), pas de tournoi des légendes ni de véritable conclusion côté cœur… Discutable choix de Michel Falardeau qui nous fait rester sur notre faim ; d’où le fait que j’évoquais en tout début d’avis la matière à imaginer une suite.

C’est dommage et cette lecture qui se fait pourtant forte de plus de 120 pages interpelle à mesure qu’on approche de la fin : on voit au fur et à mesure se dessiner la frustration de ne pas pouvoir connaître "l’après". Certes, c’est aussi à nous de pouvoir l’imaginer, mais bon… Luck prend ainsi un petit coup de BD pas complètement aboutie et nous laisse privés du bonheur qu’on souhaite à Pierre-Luc. Pas de chance…
 

Par Sylvestre, le 19 juin 2010

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