Lydie

En 1934, dans une petite ville de France, Camille une jeune fille un peu simple, orpheline de mère, donne naissance à Lydie, une enfant mort née. Le papa est inconnu, un amour de passage qui se délie dans la tristesse.
Ce pourrait être un simple drame de la vie ordinaire, mais Camille et son père habitent impasse du "bébé à moustaches". Ce n’est pas son vrai nom, bien sûr, mais le surnom que ses habitants lui ont donné, à cause de la publicité peinte sur le mur : un gros bébé Cadum qu’un garnement a, une nuit, affublé d’une majestueuse paire de moustaches, donnant ainsi une identité à ce microcosme.

Par olivier, le 20 février 2010

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3 avis sur Lydie

J’avais presque envie de commencer cette chronique par : Il était une fois une belle histoire, car c’est bien une fable, un conte plein d’amour et de tendresse que nous proposent le dessinateur Lafebre et le scénariste Zidrou, qui sort ici complètement de l’esprit Ducobu.
Sur un fond de chronique sociale empreint de nostalgie, l’histoire se déroulant en 1934, Zidrou nous dépeint un autre temps, une époque idéalisée où il faisait bon vivre, où les gens se parlaient, prenaient soin des autres. La vie se déroulait alors plus lentement, plus calmement et cette atmosphère qui correspond si bien à la trame de l’histoire est superbement rendue.

Dans cette impasse, tous les habitants se connaissent et lorsque Camille, jeune fille à l’esprit fragile, quelques jours après l’accouchement, se comporte comme si sa fille était bien vivante, persuadée que les anges du ciel la lui ont rendue, les voisins de l’impasse vont devoir réagir.
Il faut dire qu’en dehors du bébé à moustaches, un autre personnage veille, tranquille et serein sur l’impasse, une Sainte Vierge à l’enfant Jésus, dans sa niche du n°3 bis. Mais n’allez pas vous imaginer quoi que ce soit, cette vierge là n’est pour rien dans la douce folie du Camille, aucun miracle au sens propre, ce n’est qu’une petite statue de hêtre qui promène un regard attendri sur la vie des "moustachus".
Cette statue a, malgré tout, une particularité. Elle est la narratrice, la voix off qui nous accompagne dans cette chronique.
Devant le drame vécu par la jeune Camille et sa réaction lorsque son esprit divague et qu’elle va, cajolant, nourrissant et promenant sa fille, toute cette petite communauté va se rassembler. C’est une leçon d’amour, d’amitié et surtout de tolérance qui nous est proposée ici. Le miracle est là, pas divin, non, juste une pincée d’humanité, comme une poudre des fées qui glisse sur l’esprit bon enfant et affectueux de ses habitants.
Jordi Lafebre, qui nous avait enchantés avec la vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis, offre à chacun des acteurs, avec un dessin tout en ligne claire d’une efficacité redoutable, cette étincelle d’humanité qui rend l’histoire si vivante et attachante.

Un one shot où chaque personnage possède une trogne admirable, où la folie de Camille n’est qu’un prétexte, un alibi pour un humble cadeau que nous font les auteurs, une petite recette du bonheur avec une touche de bienveillance, un nuage de compassion et une goutte de générosité.

Cet album est une bulle de poésie et de fraîcheur à consommer sans modération.

Par Olivier, le 20 février 2010

C’est avec les larmes au bord des yeux, mais le sourire aux lèvres que j’ai refermé cette Bande Dessinée.

En effet, les auteurs ont réussi à transformer un drame du quotidien (la perte d’un bébé) en une fable poétique, douce et … terriblement magnifique !

La pauvre Camille, élevée par son père car sa mère est morte en la mettant au monde, accouche d’une petite fille "née sans vie", Lydie. Ce drame fait sombrer la jeune fille un peu simplette dans une folie douce, hantée par son bébé.
Et le miracle a lieu : pour panser l’impensable (il n’existe même pas de mot pour définir une maman qui perd son enfant), tous les habitants de la rue sans exception, du cafetier au menuisier, de l’épicière au curé, en passant par l’institutrice, le médecin, et les enfants "bien sûr", tous donc, acceptent dans leur quotidien le fantôme de Lydie, pour le plus grand bonheur de Camille. Les années passent et quand un autre drame touche Camille, les "moustachus" comme ils se surnomment, entourent encore plus, s’il est possible, Camille (et Lydie …) de leur affection et de leur attention.

Et c’est de là que surgissent la poésie et la douceur, de cette solidarité immédiate et entière, indéfectible, au fil des années qui passent, de toute la bonté dont peuvent être capables les hommes (et femmes), pour l’épanouissement de Camille, si fragile, si douce et si malmenée par la vie…

Zidrou a su nous conter un drame sans tomber dans le misérabilisme, au contraire il nous livre une fable humaniste, en usant de pudeur, de phrases judicieusement choisies… Il réalise ici un véritable travail d’orfèvre, parsemant son scenario de détails qui donnent avec retenue et douceur toute la puissance à ce récit non dénué d’humour. Et qui d’autre que cette Madone aurait pu nous narrer l’histoire de Camille ? Personne n’est en effet mieux placé qu’elle …

Et que dire du trait de Jordi Lafebre ? Il contribue évidemment à la force de ce récit, un trait fin comme la santé mentale de Camille, un trait léger et facile à lire, pourtant travaillé et précis.
Ses personnages ont des "gueules", sont d’une expressivité parfaite. Il émane un tel amour du regard du père de Camille !
Ses couleurs "passées" collent parfaitement aux années 30, nous faisant réaliser un voyage dans le temps, ce temps bien lointain et révolu où dans une rue tout le monde se connaissait et s’entraidaient …

Cet ouvrage fait passer une émotion rare, insuffle une nostalgie dont on ne sort pas indemne.

A découvrir d’urgence.

Par Beuleu, le 14 mai 2010

Il n’est pas besoin, parfois, de partir dans des histoires complexes pour séduire le lecteur. En nous entraînant dans la vie de ce quartier, aux côtés d’un père et de sa fille, qui va perdre son enfant, nous basculons tout doucement dans l’ambiance d’un conte, dont la magie se résume tout simplement à l’humanité de ses acteurs. Nous sommes profondément touchés par cette belle histoire, triste mais pourtant d’un optimisme latent. Un des albums les plus émouvants de ce début d’année.

Par Legoffe, le 29 mai 2010

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