Ma révérence

Vincent, la trentaine, traverse depuis quelques temps une mauvaise passe. Séparé de sa dulcinée Rana et de l’enfant qu’il a eu avec elle, il a toutefois le projet de les retrouver au Sénégal après avoir remis en ordre sa vie dissolue. Pour cela, il a un projet qui pourrait l’aider à sortir de l’ornière et faire le plaisir de son entourage. Ce projet, c’est Bernard, le convoyeur de fonds, qui, à son insu lui a donné l’idée imparable de dérober le contenu de tout un fourgon blindé. Aussi, il prend comme associé Gaby Rocket, petite frappe de troisième zone et brailleur impénitent et monte un stratagème pour mener à bien son braquage. Après une longue période de préparation et d’analyse, le moment propice arrive. Les deux hommes arriveront-ils à mettre en œuvre leur sinistre besogne et tirer une bonne fois pour toute leur révérence ? Rien n’est moins sûr car un grain de sable va enrayer la machine et bousculer leurs prévisions.

Par phibes, le 25 septembre 2013

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Notre avis sur Ma révérence

Il ne fait aucun doute que Wilfrid Lupano a vraiment le vent en poupe de par la qualité des histoires qu’il nous livre depuis la sympathique série d’Alim le Tanneur. Assurément éclectique dans ses productions, ce dernier parvient à créer des univers particulièrement prenants et qui sortent un tantinet des sentiers battus.

Ma révérence qui se veut une aventure moderne possède toute la matière qu’il faut pour attiser la curiosité et la maintenir jusqu’au final. En effet, l’histoire de Vincent qui, au demeurant, se base simplement sur l’organisation d’un braquage, recèle une profondeur insoupçonnée. En effet, autour de cette aspiration malsaine, Wilfrid Lupano développe un récit très touffu à son image, établi sur une vision sociétale proche d’une certaine réalité qu’il a connue personnellement et terriblement inquiétante par le mal être qui en ressort. S’il est vrai que cette dernière respire la morosité, il ne fait aucun doute que le scénariste préfère toutefois lui donner un tant soit peu de cocasserie.

De fait, se démoulant sous une forme intimiste grâce à un verbiage remarquablement choisi (Vincent est le narrateur), l’équipée urbaine de ce dernier s’étoffe généreusement grâce à une distribution de rôles détonants et de retours en arrières rebondissants. Vincent crève évidemment les planches en faisant étalage de ses tourments, de son déni de la société, de sa soif d’en sortir et de ses aspirations à la Robin des Bois. Il est suivi de très près par son complice Gaby qui, à lui seul, de par son charisme de looser patenté, son franc parlé et son grand coeur, assure un tour de piste des plus remarqués.

Eludant toute linéarité, le récit se veut très cadencé. A n’en pas douter, il y a du rythme, indubitablement instillé par une succession d’évocations explicatives qui trouve leur substance dans le passé et le présent de divers protagonistes. Emotions, suspense (jusqu’au jour du braquage) et également d’excellents revirements de situation inattendus sont au rendez-vous, permettant ainsi d’avaler cette fiction à grande lampée de plaisir.

C’est le premier album BD de Rodguen. Il ne fait aucun doute que la maturité dont il fait preuve et qu’il tire de l’univers de l’animation lui permet de nous assurer un travail fortement agréable. Grâce à son coup de crayon averti, son dessin est doté d’une finesse extraordinaire et d’une expressivité superbement convaincante. Il suffit pour cela de voir ses personnages aux trombines très représentatives, qui trahissent dans chaque vignette leur caractère, leurs tourments, leurs vices, leurs émotions…

Un one-shot des plus réussis sur une fiction contemporaine qui ne manque pas ni de rebondissements, ni d’émotions. Une très belle surprise à lire urgemment !

Par Phibes, le 25 septembre 2013

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