Ma vie de zombie

Tu vois, Asmodée, être gardien du cimetière Saint-Antoine n’est pas, à proprement parler, une sinécure. Foi de Léon Malmeau, j’ai beau avoir une famille avec un frangin toubib et une mère grabataire en passe de mourir, des amis tels Alice, jeune femme certes délicieuse, il n’en demeure pas moins que mon quotidien peut sombrer en peu de temps dans un cauchemar irréparable. Regarde ça, depuis que quelqu’un s’est adonné à un rite satanique sur l’une des tombes de ma nécropole, mes pensionnaires se réveillent et cherchent à fuir leur lieu de repos éternel. De même, il y a des crânes rasés qui viennent dégrader les tombes. Il faut que je m’interpose au détriment de ma sécurité, de ma vie… Mais, je me pose une question maintenant, ne serais-je pas devenu comme eux, un zombie ?
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

Publicité

Notre avis sur Ma vie de zombie

Après avoir œuvré chez Theloma en produisant le premier volume d’un thriller intitulé "Paul Neutron" avec Guillaume Tavernier, Sébastien Viozat revient sur les étalages en association avec RaphaëlB en publiant ce one-shot fantastique réalisé dans la pure tradition des histoires de morts-vivants et de vampirisme.

Oui, il y est question de zombies qui ne tiennent pas en place et qui, après avoir ressuscité, veulent parcourir le monde, le dominer peut-être. Mais, l’essentiel de son récit tourne autour de Léon Malmeau, le gardien du cimetière de Saint-Antoine qui doit faire face, avec son pauvre chat, à plusieurs problèmes : un rite vaudou, la dégradation de tombes par des parias, le réveil de ses pensionnaires et sa santé déficiente. Ça fait beaucoup pour un lieu qui est dédié à la quiétude totale.

Sébastien Viozat fait dans le macabre; impossible de l’éviter quand on parle de déterrés assoiffés de sang et de chair fraîche. Son style se veut à la fois simple dans le cheminement et les tirades, morbide, violent et ironique dans les quelques actions destabilisantes de Léon, ses locataires et démoniaque dans le dessein d’Alice. On participe à la longue mutation du gardien qui, sans vraiment s’affoler, va rejoindre les rangs grossissant des croqueurs de chairs. Toutefois, il se démarque des autres possédés en conservant une certaine clairvoyance jusqu’au bout.

Le dessin de RaphaëlB se distingue grâce à un trait épuré, plein de vie ou plutôt de mort. Sans être complètement réaliste, il parvient à croquer les détails qui touchent, renforçant à certains moment le morbide récurrent ou au contraire, il vide sciemment ses décors pour en laisser la substantifique moelle. Léon et les autres ont des expressions assez bien soutenues et entretiennent à bon escient l’atmosphère de mort qui accompagne chaque planche. RaphaëlB signe également les couleurs dont l’utilisation est sobre sans excès.

Fermez bien portes et fenêtres avant de vous laisser glisser dans les mésaventures sanglantes et désopilantes de Léon car on ne sait jamais ce que la lecture de cette histoire va provoquer autour de vous à l’image du livre du "Baron Samedi". Brrr !
 

Par Phibes, le 17 octobre 2008

Publicité