Ma vie en 24 images par seconde

Né en 1941, Hayashi Shigeyuki, qui se fera ensuite appeler Rintarô, est très jeune fasciné par le cinéma et par l’animation qui se développe de plus en plus. Quand, alors qu’il n’a que 17 ans, il a l’occasion de vivre à Tokyo, il découvre les studios d’animation ou il va vite trouver du travail, tout d’abord intervalliste puis aux couleurs. En 61, il rejoint le célèbre Osamu Tezuka avec qui il va travailler pendant presque 10 ans, sur des séries comme Astro-Boy, Le Roi Lion ou Moomin. Dans les années 80, il participe à la création des studios MadHouse, il s’émancipe petit à petit de ses maîtres et des grandes structures pour lancer une carrière bien plus audacieuse, sur des projets qui vont progressivement définir une vision plus adulte de cet art…

Par fredgri, le 7 avril 2024

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Notre avis sur Ma vie en 24 images par seconde

Pour ce captivant album, en collaboration avec Dargaud/Kana, Rintarô nous raconte ses jeunes années puis son entrée dans le monde de l’animation et les multiples rencontres qu’il va y faire.
Cependant, une bonne moitié des planches est consacrée à son enfance puis son adolescence, ce qui contraste avec la suite ou finalement sa vie privée est assez peu abordée. Une structure narrative qui met ainsi en avant le fait qu’il y a bien deux phases dans cette autobiographie, la première qui insiste sur le contexte dans lequel il a grandit, tout ce qui a participé à son évolution, ses parents, les déménagements, ses frères etc. Puis la seconde ou il s’épanouit dans son travail et le rapport qu’il entretient avec cet art qu’est l’animation, les collaborations et ses prises de position. Ce qui permet de bien montrer que dès le moment ou il entre dans son premier studio, il va désormais se consacrer entièrement à son travail, sans retenue.

Au fil de l’album, nous découvrons donc un auteur qui se dévoile avec sincérité, nous parlant de l’époque, de ses débuts, de l’Histoire du Japon. C’est à la fois passionnant et extrêmement instructif. Car si Rintarô se confie sur ses premières découvertes, il ne tombe pas dans le misérabilisme qui marque beaucoup de récit de l’après guerre, sous l’occupation américaine. On comprend que le climat est tendu, mais ça ne l’empêche par de découvrir le cinéma, de trouver sa voie, même s’il doit pour cela laisser tomber l’école.
Toutefois, le plus intéressant, finalement, démarre dans la partie liée aux studios d’animation, quand il nous explique comment tout cela se fait, quel est l’esprit de ces équipes, les conditions de travail parfois plus proches de l’usine, ou il faut réduire son temps de sommeil pour respecter les délais, mais ou finalement tout se passe mieux qu’on pourrait le penser. On a vraiment l’impression de plonger au cœur d’une industrie qui pose les bases de ce qu’elle va devenir ensuite, qui n’a pas encore l’ampleur ni les moyens d’aujourd’hui. C’est ce qui est fascinant dans ce volume, en dehors d’avoir une furieuse envie de redécouvrir les œuvres de Rintarô…

Une lecture édifiante et je dirais même « essentielle ».

Très vivement recommandée.

Par FredGri, le 7 avril 2024

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