MADELEINE, RÉSISTANTE , tome 2
L'édredon rouge - Édition spéciale

Désormais membre de la résistance, Madeleine se fait de plus en plus active, n’hésitant pas à aller faire des déclarations en public, à la Fac, dans la rue, distribuant des tracts et participant même à des opérations coup de poing pour aller récupérer de la marchandise auprès des commerçants collabo ou des machines à écrire pour le réseau…

Par fredgri, le 26 décembre 2023

Notre avis sur MADELEINE, RÉSISTANTE #2 – L’édredon rouge – Édition spéciale

Tout de suite, il faut préciser que cette édition spéciale ne diffère pas vraiment de l’édition normale, en cela qu’elle n’a qu’un frontispice inédit imprimé sur papier d’art numéroté et signé, qu’elle a aussi une couverture inédite et qu’elle est imprimé en 999 exemplaires (pas vraiment rare, donc). Un objet bien plus destiné aux collectionneurs complétistes qu’à ceux qui veulent simplement lire l’album, en fait.

Toutefois, cette édition spéciale est l’occasion, de remettre en avant le parcours héroïque de cette femme alors qu’elle doit actuellement se battre au tribunal, à 99 ans, en tant que victime d’une escroquerie dont le préjudice s’élèverait à 160 000€.

Ceci dit, ce second volume est dans la continuité directe du premier. On retrouve la jeune Madeleine qui s’implique de plus en plus directement dans les actions de la résistance, au cœur de Paris. Elle est très active, sous le nom de code de Rainer. Les liens se resserrent avec ses collaborateurs et sa résignation n’est évidemment plus à prouver. On la suit donc dans son quotidien, dans les aménagements qu’elle doit opérer quand une des têtes du réseau se fait arrêter, quand elle demande de faire un discours auprès des étudiants, à la fin de ses cours, ou quand elle recrute de nouveaux membres.
On sent qu’elle ne lésine pas, quitte même à vouloir intégrer une faction plus active qui se charge des coups d’éclat armés.

Ce volume est aussi intéressant dans ce qu’il révèle de la vie parisienne sous l’occupation, du rôle de la résistance qui doit à la fois composer avec les allemands, mais aussi avec ceux qui collaborent. On a le sentiment que mine de rien la vie continue tranquillement, que la présence de l’ennemi n’est pas si pressente, mais qu’en contre partie il est important, voir vital, de maintenir une action clandestine qui rétablit la vérité sur cette fausse quiétude.
La jeune héroïne apparait ainsi comme une sorte de petit démon perturbateur qui s’insinue dans le moindre recoin pour limer sans relâche les liens qui se resserrent sur la ville, en attendant que les alliés viennent à la rescousse.

On ne se rend ainsi pas toujours compte qu’on est en guerre, sauf en voyant régulièrement les troupes nazies défiler ou traverser un quartier à bord de leurs camions, et c’est ce contraste qui est troublant, car il insiste sur le rôle à la fois physique et psychologique de cette résistance qui œuvre dans l’ombre, parfois au dépend de sa propre vie, dans un climat pas toujours très évident.

L’écriture reste très fine et très immersive. On a l’impression d’être sur le terrain, avec eux, de vivre cette tension, ce sentiment d’être surveillé. Les paroles de Madeleine se glissent dans les cases, elles nous interpellent par leur naturel, par cette façon de décrire, de digresser parfois, on est pris aux tripes.
Graphiquement, c’est une nouvelle fois, bien sur, magnifique. Bertail nous éblouit à la fois par la finesse de sa technique, mais aussi par l’expressivité qu’il ajoute à toute cette histoire. On se retrouve dans les rues de la capitale pendant la seconde guerre mondiale, on reconnait des quartiers, on entendrait presque les pas sur les pavés…

Une excellente série jusque là qui nous laisse penser que la suite sera encore plus sombre…

Très vivement recommandé, bien sur.

Par FredGri, le 26 décembre 2023

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