MADEMOISELLE J.
Jusqu'au bout du monde

Le 14 juin l’armée allemande arrive dans Paris, et très vite l’occupant commence sa purge juive en réquisitionnant les riches propriétés pour loger ses hommes. Juliette se retrouve donc à devoir accepter d’habiter dorénavant avec une partie de l’Etat Major nazi, tandis que son amie Léa se fait déporter avec toute sa famille vers les camps de concentration, en Pologne et en Allemagne. A la libération, ne revoyant pas Léa revenir, Juliette décide de partir à sa recherche, remontant jusqu’en Russie, persuadée que quelque part, son amie est toujours vivante…

Par fredgri, le 16 novembre 2023

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Notre avis sur MADEMOISELLE J. #3 – Jusqu’au bout du monde

Nous retrouvons ce cher Oncle Paul qui continue de raconter les péripéties de Juliette à son jeune auditoire. Cette fois, Le récit commence par la guerre et plus particulièrement la pénible occupation allemande dans les rues de Paris, puis on glisse vers la folle quête de Juliette partie à la recherche de Léa, après qu’elle se soit échappée de son camps de concentration, après la libération.

Le ton est nettement plus grave, voir même sombre, par rapport aux précédents volumes et même si le prétexte est de raconter une « jolie » histoire aux petits enfants qui écoutent attentivement leur vieil oncle, il faut bien reconnaître que le récit n’a plus rien de « jeunesse », qu’il met en scène la dureté de la guerre, les traumatismes de la libération après les nombreuses exactions abjectes qui se sont déroulées dans les camps, dont la pauvre Léa en est l’une des nombreuses victimes.
On est donc ému par cette histoire et par la détermination de l’héroïne pour traverser la Russie au milieu de ce cadre extrêmement tendu. Toutefois, la belle française a de la chance, elle arrive à se sortir de toutes les situations et en plus chaque rencontre est particulièrement positive. Tous veulent l’aider et même s’il se pointe une pincée de danger, c’est pour être neutralisée en quelques cases. En cela, Juliette devient davantage le révélateur d’une réalité qui permet de lui donner de la profondeur. L’idée n’est pas de la mettre concrètement en danger, mais d’exalter sa personnalité, sa volonté. Elle s’engage auprès de la résistance, elle mène sa carrière de journaliste chevronnée, prête à tout pour aider ceux qu’elle aime. C’est simple, on ne peut que tomber sous le charme de cette jeune femme pleine de ressources.

Malgré tout, quand on revoit les scènes de paix du début, où Juliette assiste à l’anniversaire de Léa, entourée par la famille de cette dernière, quand on découvre petit à petit ce qu’il advient à tous ces prisonniers (les auteurs restent tout de même pudique par rapport à cette violence. Ils l’évoquent, mais ne la montrent que très peu), on est touché par cette finesse d’écriture et la beauté graphique de ces planches.

Sans pour autant tomber dans l’emphase, ce volume reste un réquisitoire sans appel sur cette époque trouble. De plus, Sente ne fait pas semblant de lisser les choses, loin de là, la réalité reste ce qu’elle était, avec son lot de lâcheté, de traîtrise, de cruauté.

Un album qui fait réfléchir, vibrant d’émotion, sur notre histoire et ses zones d’ombres.

Très conseillé.

Par FredGri, le 16 novembre 2023

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