MAHAR LE LIONCEAU ou l'enfance perdue des jeunes soldats de Daech

Journaliste et réalisatrice de films spécialiste des théâtres d’après-guerres, Anne Poiret est partie en Irak où elle a pu interroger Mahar, un enfant que l’État Islamique a rapté quand il n’avait encore que 10 ans avant de lui laver le cerveau et de l’envoyer au combat.

Par sylvestre, le 1 juin 2024

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Notre avis sur MAHAR LE LIONCEAU ou l’enfance perdue des jeunes soldats de Daech

Dans cette bande dessinée, un jeune Yézidi enrôlé de force raconte ce qu’il a vécu à partir de 2014, lorsque des membres de l’EI (l’État Islamique) ont fondu sur son village, qu’ils ont tué les hommes par centaines et ont enlevé des femmes et des enfants. Le témoignage (reconstitué) de ce jeune homme aujourd’hui sorti des griffes de l’organisation terroriste a en outre été complété par des informations historiques ou politiques avec lesquelles l’autrice nous précise le contexte.
Ce qu’a vécu Mahar est affolant et si le récit se concentre sur lui, c’est toute sa famille – et, au-delà, des milliers de personnes – qui ont, avec lui, été emportées dans l’enfer qu’a organisé l’EI pour asseoir son califat entre la Syrie et l’Irak.

Lars Horneman a mis en images ce témoignage/reportage qui est organisé en six parties respectivement intitulées : Prologue, La rencontre, Le rapt, L’endoctrinement, La guerre et Le retour. C’est donc chronologiquement qu’on suit le parcours chaotique du « lionceau de Daech » et c’est entre rage et sidération qu’on mesure le gâchis et l’horreur que les guerres savent générer. Les lionceaux de Daech ne sont pas les premiers enfants soldats répertoriés dans l’Histoire de l’Humanité et des guerres, mais à leur tour, au vingt et unième siècle, à quelques heures d’avion de chez nous, ces enfants sont devenus de la chair à canon pour leurs manipulateurs et des bombes à retardement pour la société.

Comment voulez-vous que le monde tourne correctement quand des enfants drogués et endoctrinés perdent ainsi leur innocence et leur enfance dans des conditions ultra-traumatisantes ? L’accompagnement de ces victimes malgré elles après les guerres doit devenir le « combat d’après » à mener par tous. En zoomant sur ces malheureux enfants et en nous racontant leur histoire, Anne Poiret fait sa part avec courage, avec pugnacité et avec sincérité. Bravo.

Par Sylvestre, le 1 juin 2024

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