Maldoror et moi

"Martin a 17 ans, il vit seul avec son père dans une maison mitoyenne coincée dans un ensemble suburbain sans personnalité, pas très loin de l’océan. C’est un adolescent solitaire, ténébreux, un peu triste. Il ne semble trouver son bonheur que dans un constant apitoiement. Mais un jour, il découvre Les Chants de Maldoror du Comte Lautréamont. C’est une révélation. L’imaginaire macabre et surréaliste du poème en prose le bouleverse, l’attire et finit par l’obséder. Les chants qui composent l’ouvrage imprègnent ses pensées et s’immiscent dans sa réalité. Les mots de Lautréamont contaminent la psyché de Martin. Peu à peu, le monde réel et l’imaginaire deviennent indiscernables. Martin marche dans les pas de Maldoror qui souffle au creux de son oreille des idées violentes et macabres…"
Résumé éditeur

Par fredgri, le 19 mars 2022

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Notre avis sur Maldoror et moi

"Maldoror et moi" de Benoit Broyart et Laurent Richard fait partie de ces albums qu’il est difficile de commenter, en fait. Pourquoi ? Parce que malgré le sujet, on a du mal à éprouver de l’empathie pour ce jeune homme de 17 ans, en pleine révolte nihiliste, qui rejette tous ceux qui l’entourent, de son père à ses amis, puis toutes les personnes qu’il va croiser sans exception. Il trouve dans le texte d’Isidore Ducasse les résonances morbides d’un malêtre qui se transcende dans les fantasmes que provoquent les évocations des Chants de Maldoror.

Difficile à commenter, car condamner Martin c’est aussi refuser de le comprendre, de comprendre cette noirceur qui s’immisce en lui, subjuguée par son interprétation, de comprendre tout simplement l’incompréhensible.
Et c’est peut-être sous cet angle qu’il faut lire ces planches, revenir au début, ne pas essayer de tout accepter, mais simplement d’y voir un hommage particulier à une œuvre extraordinaire qui fascine encore maintenant.

Sortis initialement en 1869, les six chants qui composent les Chants de Maldoror révèlent l’univers onirique tourmenté d’un jeune poète de 23 ans qui signe son texte sous le nom de Comte de Lautréamont. On ne sait que peu de choses de lui, d’autant qu’il meurt l’année suivante. Il faudra attendre une quinzaine d’année ensuite pour que son œuvre soit véritablement découverte et acclamée par les cercles littéraires qui vont dès lors célébrer la richesse et l’incroyable profondeur de ce poème en prose qui préfigure le surréalisme.

Toutefois, il n’est ici nullement question de débattre sur ce livre phare de la poésie française, mais bel et bien de l’hommage qui lui est rendu par le biais de cet album. Les auteurs insistent, à raison, sur la noirceur qui habite ces chants, sur l’impact qu’elle peut avoir sur un esprit en recherche d’une "voix". Malgré tout, on reste dans le ressenti d’un personnage évoqué dans les mots, plus que dans le ressenti d’un texte extrêmement riche littérairement parlant, qui expérimente, qui explore ses propres limites.

Alors je reconnais, pour ma part, avoir été quelque peu dérangé par l’évolution de Martin qui sombre petit à petit dans un voyage sans retour, absolu… On n’éprouve rien pour lui, on ne le comprend pas, mais surtout on le voit glisser vers quelque chose qu’il est difficile de simplement appréhender.

Un album qui ne laisse, à l’évidence, pas indifférent…

Par FredGri, le 19 mars 2022

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