Maman a des problèmes

Avec Maman a des problèmes, Anne Baraou porte un regard vif, acéré et sans concession sur les parents – et en particulier de la mère – d’une petite fille narratrice de l’histoire. Le scénario est astucieusement découpé en chapitre où un trait de caractère, toujours péjoratif, est mis en exergue. C’est le portrait d’une mère moralement affaiblie et profondément bête qui est dressé devant nous. Le propos y est violent, cruel ; et comme si cela ne suffisait pas cette petite fille a une copine, Sophie, dont la mère aussi a de sérieux problèmes… La petite fille trouve en son amie Sophie un reflet d’elle-même, quelqu’un qui partages les mêmes tourments qu’elle et permet à Anne Baraou de nous amener aux deux conclusions possibles face à une telle déchéance : se battre ou mourir…

Au dessin on retrouve David B, et c’est quelque part comme une évidence : qui d’autre aurait pu illustrer aussi bien ce genre de récit que David B. Son trait si singulier, tout en noir et blanc et toujours empreint d’onirisme et de poésie est ici aussi profondément cruel. Les mères des deux enfants sont représentées comme des sacs d’os ou d’organes, elles ne semblent plus vraiment humaines…

Maman a des problèmes est le récit fort du combat d’une fillette devenue grande contre ses parents, contre leur désintéressement, leur bêtise. Moralement violent, c’est un récit qui fait mal. Sombre, sans véritable espoir, c’est encore une réussite pour le catalogue de la collection Patte de Mouche qui arrive à faire mouche en seulement 24 pages.

Par melville, le 17 avril 2010