MARBOT
Affranchissement 1812
Loin des salons des états-majors, sur les routes boueuses menant vers l’est infini, Marbot mène le 23ème régiment de chasseurs à cheval. C’est petites attaques sur petites attaques qu’ils subissent face aux Cosaques, espérant plutôt des batailles rangées qui pourraient faire d’eux de vrais héros. Sur ces terrains du bout du monde, d’autres ennemis comme le mal du pays, le froid glacial ou la dysenterie déciment l’effectif tenu méticuleusement à jour. Marcellin Marbot aura bien failli y figurer, à cette morbide comptabilité, le jour où une balle l’atteindra à la clavicule. Mais une fois encore, son jour n’était pas arrivé et entre deux missions, il pourra rejoindre Angélique qui lui présentera leur enfant avant qu’il ne retourne plein est, où son commandement lui vaudra légion d’honneur et titre de baron directement décernés par l’empereur…
Par sylvestre, le 5 février 2011
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
Coloriste :
-
Éditeur :
-
-
Sortie :
-
ISBN :
_201103801
Notre avis sur MARBOT #6 – Affranchissement 1812
C’est vers l’est que dans ce sixième tome, Marcellin Marbot et ses hommes progressent, s’éloignant de chez eux vers les climats glaciaux de la Prusse orientale, de Pologne et de Russie… Ces nouveaux territoires permettent à l’action, bien qu’elle soit toujours du même type (bataille sur bataille !), de ne pas ressembler complètement à ce qu’on a déjà vu jusque là dans les autres tomes de la série. Les Cosaques et leur propension à se comporter comme des charognards, le thermomètre qui descend toujours plus bas et autres spécificités de cette campagne à nulle autre pareille sont autant d’éléments distinguant en effet ces pages de celles qui ont précédé.
Aux couleurs comme le rouge ou le bleu qu’on voit marquer certaines ambiances en début d’album s’ajoute le blanc au fur et à mesure que la neige gagne, mais d’autres filtres ne sont pas en reste et quand Marbot est persuadé d’avoir vu Massy, c’est quelque chose du chamanisme de la toundra qu’on croit percevoir dans la séquence suivante ; délire faisant écho à d’autres dont on l’a déjà vu victime.
Les incessants allez et retours de Marbot d’est en ouest et de lignes de fronts en périodes de réorganisation de ses troupes rythment toujours autant la saga. (Notre homme est d’ailleurs montré au passage comme un assez mauvais père de famille, montrant plus d’enthousiasme pour sa vocation militaire que pour son foyer !) On "voyage" avec rapidité dans cette bande dessinée, mais ces rebonds géographiques sont équilibrés par de longs textes qui à l’occasion mettent un frein à la vivacité du récit pour poser l’action ; des textes très bien rédigés, de grande qualité, pleins de références ou de vocabulaire rappelant la passion que montre l’auteur Stéphane Pêtre pour cette période de l’Histoire et la volonté qu’il a de faire évoluer ses personnages dans le contexte qui fut le leur, reproduit avec la plus grande rigueur lexicale qui soit.
Marbot prend encore du grade, dans cet album, et de la main de l’empereur lui-même, s’il vous plaît ! Sa constante progression n’en finit donc pas, tout comme sa chance, dont on a vu quand même qu’elle ne tenait parfois qu’à un fil. "Affranchissement" étant l’avant-dernier tome de la série, il avertit pourtant à demi mots que toutes les bonnes choses ont une fin… "Accepter de mourir avec bravoure dans une simple anicroche qu’aucun manuel d’histoire ne mentionnera." Voilà de braves et courageuses paroles qu’on entendra dans la bouche d’un des aides de camp de Marbot. A sa manière, Stéphane Pêtre aura lui aussi continué son travail d’auteur sans relâche et avec constance, loin des lumières de l’édition grand public, préférant avant tout atteindre ses objectifs de narrateur et d’historien plutôt que ceux de commercial.
Un bon tome 6 à lire avant la "dernière ligne droite" et avant de savoir si Marbot aura atteint les objectifs après lesquels il n’a eu de cesse de courir ; avec comme à chaque fois des dessins d’une grande force évocatrice aux couleurs du sang et de la terre, aux relents aussi de victoires et de conviction…
Par Sylvestre, le 20 février 2011