MARCEL PAGNOL
Merlusse

A la veille de la Noël 1913, le proviseur d’un établissement scolaire marseillais interroge le censeur pour savoir si le service concernant la surveillance des quelques pensionnaires qui devront rester durant les fêtes sera assuré. Cette affaire étant réglée, les deux hommes en viennent à parler de la promotion d’un des deux répétiteurs. Qui du jeune Delacre ou de l’ancien Blanchard pourrait recevoir la distinction et passer en seconde classe ? Le premier semble avoir tout pour lui et bénéficie d’un fort piston. Le second est, quant à lui, peu avenant, plutôt laid parce que balafré et mal vêtu. Toutefois, il sait se faire obéir et son service strict est respecté par les élèves qui le craignent facilement et qui n’hésitent pas à le surnommer Merlusse. Etant le dernier arrivé au sein de l’équipe pédagogique, Blanchard/Merlusse se doit d’assurer l’étude de la dernière heure. Evidemment, cette tâche va être acquittée par le répétiteur avec un zèle tout particulier qui ne manquera pas d’étonner à la fois les élèves et sa hiérarchie.

Par phibes, le 1 décembre 2015

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Notre avis sur MARCEL PAGNOL #2 – Merlusse

En même temps que sort l’adaptation de La gloire de mon père, monument littéraire réalisé par l’illustre Marcel Pagnol, les éditions Bamboo via leur grande collection Grand Angle publient également Merlusse, une autre production de l’écrivain provençal beaucoup moins connue que la précédente mais toute aussi attachante.

Comme prévu, nous retrouvons Serge Scotto et Éric Stoffel aux commandes de cette nouvelle adaptation qui viennent donner un nouvel éclairage de cette œuvre portée au cinéma par Marcel Pagnol en 1935. Fortement imprégnés par l’esprit de l’artiste, les coscénaristes quittent la garrigue aubagnaise du précédent opus pour cette fois-ci une escapade marseillaise et évoquer la vie citadine. C’est d’ailleurs au sein d’un grand lycée de la cité phocéenne que nous avons rendez-vous, rendez-vous qui va nous permettre de découvrir l’énigmatique Merlusse.

On ne pourra qu’adhérer à cette adaptation qui a le mérite de se dérouler selon un plan fouillé. En effet, si elle s’attache à évoquer l’intrigue autour du personnage central Blanchard et de son charisme, elle a le mérite aussi de se focaliser sur certains des élèves pensionnaires et de nous faire vivre leurs petits périples. Fort de cette pluralité scénaristique, l’histoire ne manquera donc pas de nous interpeler favorablement, et ce à plusieurs niveaux. L’époque, le choix de la période (la veille de noël), l’enceinte scolaire (prépondérante pour Marcel Pagnol), les personnages aux caractères différents et à la profondeur d’âme non visible au départ mais à découvrir au fil des pages…, tout concourt à capturer l’attention du lecteur et à la soumettre à un rayonnement humain, à une charge émotionnelle ô combien agréables et pleins de vérités.

Pour les besoins de cette adaptation, l’illustration est confiée à A. Dan. Ce dernier, qui est un fidèle de la Maison Bamboo (La faute du midi T1, Tahya El-Djazaïr, Pour un peu de bonheur…), nous offre un travail qui a son charme et qui se nourrit pleinement de l’univers de Marcel Pagnol. D’un trait fin et réaliste sans excès, ce dernier campe remarquablement l’époque (1913) au moyen de décors marseillais qui trahissent une recherche évidente et le charisme des personnages (assez nombreux) humainement convaincants.

Une nouvelle œuvre de Marcel Pagnol adaptée avec justesse par un quatuor d’artistes pleinement investis dans leur mission. Une histoire généreuse de 80 ans qui fait toujours son effet, à l’image d’un conte de Noël.

Par Phibes, le 1 décembre 2015

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