MAREE BLANCHE

En juillet 2018, lors de leur dernière campagne de pêche à bord du Fargo, Paul, Laurent, Jordan et Théo ont eu la surprise de découvrir de mystérieux ballots flottant au gré des vagues. Une fois repêchés, ils découvrent que ces derniers renferment de la drogue. Après discussion, les quatre pêcheurs décident de conserver leur trouvaille qui, à leurs yeux, représente une sacrée somme d’argent.

Se promettant de n’en parler à personne, ils se partagent les ballots et une fois à terre, chacun fait en sorte de le dissimuler. Mais bientôt, leur petit secret est éventé par le fils de la compagne à Paul qui, récupérant un petit paquet, se décide à le dealer.

Autant dire que les ennuis (les gros !) ne vont pas tarder à se déclarer et prendre une orientation pour le moins dramatique.

Par phibes, le 31 mai 2023

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Notre avis sur MAREE BLANCHE

Après avoir illustré dans la période 2021/2022 le diptyque La peau de l’autre sous le couvert du scénariste Serge Le Tendre, Gaël Séjourné revient cette fois-ci en solo sur le devant de la scène avec ce one-shot en substance addictif et particulièrement toxique.

Mettant en scène quatre pêcheurs de l’ile de Ré, le récit nous plonge dans des ambiances maritimes telles que le premier de couverture en témoigne, agrémentées de celles du précédent championnat mondial de foot. Il nous rend témoin de la pêche « empoisonnée » de l’équipage du Fargo et des répercussions insoupçonnées d’une telle prise.

Si la tonalité se veut assez joviale dans les premières planches, elle cache bien évidemment (on le verra plus tard) une tragédie à venir. Par le choix malheureux et inconsidéré du quatuor, Gaël Séjourné se donne les moyens pour faire subtilement enfler son équipée, passant donc de la bonne humeur de départ pour atteindre in fine (en conservant quelques petits soupçons d’humour grinçant avec les ferrailleurs jumeaux) l’horreur dans toute sa splendeur. On considèrera que l’auteur mène parfaitement (certes avec une certaine intention moraliste) sa barque qui a le privilège d’être tout d’abord bien structurée et d’autre part saisissante dans sa tournure rapide exponentielle. Les rebondissements se multiplient au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire, devenant de plus en plus forts en émotions.

La partie illustration permet de confirmer le talent de l’auteur qui, à la faveur d’un semi-réalisme maîtrisé et d’une colorisation sans excès, nous offre une prestation de qualité et convaincante. Son trait aiguisé lui donne l’occasion d’utiliser une galerie de portraits bien bigarrée associée à un joli travail sur les décors rhétais.

Une histoire découlant d’un mauvais choix, réellement stupéfiante, montée en neige par un Gaël Séjourné parfaitement inspiré.

Par Phibes, le 31 mai 2023

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