Marie-Gabrielle de Saint-Eutrope

Jeune veuve désargentée, Josépha est châtiée par sa belle-sœur pour avoir entraîné son neveu dans des ébats interdits. Evitant de justesse d’être envoyée au couvent de Sainte Madeleine de la rédemption, elle subit, en guise de punition, moult sévices corporels durant de longs mois. A la mort de sa tortionnaire, elle est mise à la porte, totalement démunie. Mais en dépit de son malheur qu’elle accepte, sa situation semble être beaucoup plus enviable que celle de son amie Marie-Gabrielle, femme du comte de Saint-Eutrope. En effet, cette dernière, alors femme exemplaire et si puritaine jusqu’à qu’elle acquière la troublante Zulma, a été condamnée à pénétrer l’enceinte religieuse en question et a été durement soumise aux pratiques infâmantes de ses nonnes. C’est son histoire cruelle qu’elle décide de se remémorer.

Plus tard, devenue veuve, Marie-Gabrielle doit fuir sa pauvre condition et, pour ce faire, rentre au bordel du chef-lieu pour tenter sa chance. Malheureusement pour elle, elle est récupérée par Tartuffier du Pensoir pour être vendue aux barbaresques. Les territoires de l’orient seront-ils plus cléments ?
 

Par phibes, le 22 octobre 2009

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Notre avis sur Marie-Gabrielle de Saint-Eutrope

Les éditions Glénat ont décidé de remettre au goût du jour les deux albums précédemment publiés en 1977 et 1981 réalisés par le sulfureux Georges Pichard sous la forme d’une intégrale volumineuse (300 pages) qui prend sa place dans la récente collection Mille feuilles.

Cette initiative est l’occasion de faire connaître à ceux qui auraient raté les deux ouvrages en question le travail quelque peu méconnu et controversé de celui qui se vautra dans un style charnel empreint de cruauté dégradante vis-à-vis de la gente féminine. Assurément, l’auteur ne tarit pas d’inventivité quant aux méthodes punitives sadomasochistes avilissantes employées sur ces pauvres femmes dont le destin a dévié, un tant soit peu, du chemin de la morale. Certes, dans cette profusion de séances de tortures, on perçoit une certaine volonté à troubler le lecteur et à le faire réagir par rapport à ces procédés dispensés par les représentantes d’un divin qui prône le bien. De même, on pourra être subjugué par la totale soumission de ces suppliciées qui n’hésiteront pas à en redemander le cas échéant.

Georges Pichard égratigne sans retenue les fondements des principes moraux, des préceptes religieux portés à outrance. Utilisant un langage assez soft pour des scènes plutôt crues, il distille avec insistance des situations caricaturales inspirées d’un mode de vie ancestral grevé par l’omnipuissance cléricale. Son univers dépravé a tendance à nous envoûter, à nous entêter par sa densité lubrique et libertine qui transforme le sujet féminin en un exutoire à sévices.

Le pointillisme qu’il utilise dans ses graphiques ô combien regorgeant de femmes poitrinaires dénudées donne, surtout dans sa première partie, un volume sensuel. Par ce biais, les torturées semblent dégager, malgré les carcans mutilateurs, les écartèlement lubriques et autres bestialités, un érotisme modelé, une pornographie fanatique qui peut faire baisser les yeux tout comme les attiser. Au regard des deux histoires, l’on conviendra que son trait charmeur, en 4 ans, a évolué de façon à perdre un peu de sa superbe et de sa rondeur, et à devenir plus direct.

Cette intégrale qui n’est, bien sûr, à ne pas mettre entre toutes les mains, est le témoignage d’un travail surprenant averti et avant-gardiste que le Marquis de Sade n’aurait certainement pas boudé.
 

Par Phibes, le 22 octobre 2009

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