MARSHAL BASS
Putain de fric

Avec un rythme toujours aussi régulier, le nouveau Marshal Bass parait à ce jour, nous permettant de retrouver cette fois, la famille Bass dans toute sa gloire poisseuse.

Darko Macan n’a décidément pas son égal pour dépeindre un monde anti manichéen au possible. Rien n’est lisse dans cet univers western rude et violent, les bons n’en sont pas vraiment, ils doivent sans cesse composer avec les rigueurs de la vie dans l’Ouest sauvage, faire des compromis, parfois honteux, parfois simplement humiliant, quitte même à faire participer les enfants dans leurs tentatives pour s’en sortir.
River Bass n’est donc pas ce fin limier irréprochable, homme de loi héroïque qui pourfend le bandit tout en sauvant la veuve et l’orphelin. C’est un homme buté, aux méthodes anti-conventionnelles, qui néglige lamentablement sa famille tout en plongeant sans hésitation dans un plan foireux pour grappiller des dollars. De leur côté, sa femme Bathsheba et leurs filles remontent leurs manches et acceptent des tâches ingrates pour pouvoir simplement survivre… A sa manière, Macan dézingue l’idéal familial avec cet anti-héros qui ne cesse de se détacher de ses responsabilités envers sa femme et ses enfants.
On n’est décidément plus dans une série classique, pleine d’archétypes. Chaque album est un récit auto-contenu, qui montre l’évolution d’un personnage noyé dans un univers délétère qui n’a rien à voir avec les images d’Epinal holywoodiennes remplies de bons sentiments, de mèches aux vents et de belles maîtresses d’école à sauver des hors-la-loi. Ici, les ambiances sont rugueuses, la communauté noire cohabite tant bien que mal avec les blancs et personne n’est bien meilleur que l’autre.

Avec Marshal Bass, on peut vraiment apprécier l’écriture sans fioriture de Darko Macan, cette virtuosité dans les détails, les dialogues et les personnalités fortes. On ne sait jamais vraiment ou le récit va nous emmener, ni les rebondissements qui nous attendent. C’est ce qui en fait justement une série hors norme.
D’autant que les dessins d’Igor Kordey sont une nouvelle fois exceptionnels. Chaque planches, chaque cadrage est à la fois pensés avec précision, mais en plus ils apportent tous un regard très fort sur l’histoire, sur le rapport qui se construit entre les uns et les autres.

Une série incontournable. Très vivement recommandée.

Par FredGri, le 23 mai 2024