Martin Bonheur

Alors qu’elle vient à peine de refleurir la tombe de son père comme elle le fait chaque année, Agathe apprend de sa mère que ce dernier n’est pas mort. Vaniteux à souhait, sacrifiant son amour au profit de sa soi-disant carrière d’écrivain, l’homme n’a rien d’enviable. Toutefois, la jeune femme a décidé de le retrouver afin de vérifier les dires de sa mère. Après six mois de recherches, elle trouve sa trace à Veules-les-Roses, une petite station balnéaire normande. Peu de temps après son arrivée, elle surprend dans un bar une conversation qui lui permet d’identifier enfin son père, un rien présomptueux dans ses allégations d’écrivain. Agathe l’aborde, lui demande son expertise sur un ouvrage qu’elle est en train d’écrire et finit par obtenir un rendez-vous avec lui pour le lendemain. A peine sortie du café, elle se voit rattrapée par Martin, jeune homme à tout faire que toute la localité connaît, qui vient lui avouer que le critique littéraire est en fait un simulateur et qu’il serait de bon aloi de jouer son jeu. Malheureusement, Agathe ne va pas suivre ce conseil et, à l’issue de l’entrevue avec son menteur de père et de la lecture d’un projet dont il est détenteur, va lui affirmer qu’il n’est pas l’artiste qu’il prétend. Cette affirmation va avoir des répercussions insoupçonnées.

Par phibes, le 30 avril 2015

Publicité

Notre avis sur Martin Bonheur

Nouvel ouvrage à intégrer la collection Grand Angle de chez Bamboo, ce roman graphique signe l’association de deux auteurs particulièrement chevronnés à savoir Jérôme Félix (L’héritage du diable, Une vie à écrire, La lignée…) et Stéphane Louis (Tessa, Miss Deeplane, 42 agents intergalactiques…).

Martin Bonheur est l’histoire d’une rencontre entre deux êtres issus de deux univers différents. L’un appartenant à la grande ville (Agathe), l’autre aspirant à la sérénité dans une petite bourgade de bord de mer dépeuplée (Martin), tous deux sont appelés à se découvrir et à vivre une romance particulière. Force est de constater que si le concept n’est pas des plus originaux, il n’en demeure pas moins que ce récit a le mérite, de par le cadre bucolique mis en avant, la sympathie générale des intervenants et l’intrigue mise en place autour d’un recueil littéraire, d’être lu avec grand plaisir.

Jérôme Félix démontre qu’il est à son affaire pour démouler son histoire (qui lui touche de près) d’une façon structurée et bordée par de bons petits rebondissements. Passant de l’évocation sentimentale au drame, entretenant une bonne petite intrigue dont les bases seront à découvrir sous forme d’aveux, le « chemin du bonheur des deux êtres » s’arpente avec une certaine émotion. A ce titre, Agathe et Martin ont vraiment de la consistante, grâce à une étude caractérielle recherchée, laissant transparaître une générosité communicative. Pareillement, les seconds rôles, en particulier le garde champêtre et le sieur Smolridge, ont une place de choix pour orienter le récit, aidé en cela par une gente locale et des petites sculptures murales particulièrement gentillettes.

Côté dessin, Stéphane Louis se démarque de son univers fantastique pour cette fois-ci se focaliser dans une aventure contemporaine. Il ne fait aucun doute que sur ce registre, l’artiste met du cœur à l’ouvrage pour rendre convaincants ses personnages et le cadre dans lequel ils déambulent. S’il ne fait aucun doute que les paysages qu’il dépeint avec rigueur sont inspirés de la station normande, les personnages dégagent, quant à eux, une certaine prévenance qu’on ne peut apprécier. Agathe amène sa fraîcheur féminine, mise en évidence par des plans emplis de légèreté et Martin, de par ses attitudes volontairement statiques, apporte sa tranquillité, sa bienfaisance vis-à-vis des anciens.

Un petit bonheur de lecture qui prend sa place dans la collection Grand Angle.

Par Phibes, le 30 avril 2015

Publicité