Marvels
(Marvels 0 à 4)
Depuis l’arrivée des premiers héros aux super pouvoirs le photographe Phil Sheldon a toujours su être là, au bon moment, devenant ainsi le témoin privilégié de cette génération de super-héros qui ont envahit les rues. Au fil de sa vie, il va ainsi suivre cette évolution, ces nouveaux héros qui prennent la relève et se rendre compte que la société des hommes ne change, elle, finalement pas tant que ça !
Par fredgri, le 11 mai 2015
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782809446494
Notre avis sur Marvels
Phil Sheldon est un personnage de fiction, certes, mais il reste néanmoins bien plus un personnage qui nous représente dans un monde de fiction… Et tout le propos de cette incroyable mini-série réside bel et bien dans cette approche de l’univers Marvel, dans ce réalisme plus humain qui pose un regard plus terre à terre sur ces icônes, ces symboles que sont les super héros. Comment réagirions nous si autour de nous évoluaient des êtres sur-puissants, des figures costumées qui se glissent d’un toit à l’autre ? Nous aurions tantôt peur, nous serions admiratifs, menaçants, nous les regarderions à la loupe, impuissants… ?
Marvels s’interroge donc sur l’impact de cette réalité sur les hommes ordinaires qui la peuplent.
Toutefois, Busiek et Ross, sous couvert de revenir sur l’histoire de Marvel, sur ses personnages emblématiques, constatent aussi qu’à part un impact "matériel" les retombées sur la société, sur les mentalité sont pratiquement nulles. Car dans Marvels les hommes haïssent aussi ce qu’ils ne comprennent pas, ils pointent du doigts ce qu’ils jugent être des menaces dès qu’on leur montre la direction à prendre, comme à des moutons, ils fustigent, lapident, ils s’enthousiasment ou tremblent sans daigner aller plus loin. Les "Marvels", comme les surnomment Sheldon, devenant alors bien plus des vecteurs d’émotion, des fantasmes qui évoluent dans un monde sur lequel aucun homme ordinaire n’a de prise. On regarde ce qui se passe dehors sans pouvoir vraiment y changer grand chose !
Les auteurs insistent donc bien sur ce rapport à la réalité, à l’héroïsme, aux pouvoirs, à la célébrité… Mais en axant le récit du point de vue du photographe ils nous montrent que dans ce monde, tel que nous le connaissions jusque là, au travers des comics, il est intéressant de revenir à l’humain (préfigurant les Astro-City qui suivront, par Busiek), de montrer l’impact de cette nouvelle culture du sensationnel !
En contre partie, ce réalisme cru propose une vision assez étrange tout de même. Car certes ces personnages haut en couleur ont marqué leur univers, mais ils l’ont aussi immanquablement transformé. Or, ici, à part par le biais des débris, des conséquences directes de tel ou tel affrontement, rien ne diffère cet univers du notre… Ces héros ne sont visiblement là que pour exacerber les sentiments enflammés des hommes qui les observent, au même titre que les stars de ciné ou ces anciens héros de la mythologie. Ils représentent une sorte de panthéon étrange et distant qui nous confronte à notre impuissance, qui nous émerveille !
Et c’est ce qui fait toute la subtilité de Marvels, justement. D’un côté on a un hommage assumé aux heros Marvel, à cette mythologie merveilleuse, pleine de couleurs, d’idéaux. Puis on a le regard de Sheldon, plus réaliste, qui observe non seulement ces héros, mais surtout qui voit autour de lui les mentalités se figer, pleine d’ingratitude.
D’ailleurs c’est intéressant de suivre l’évolution de ce personnage "ordinaire", de voir sa famille se construire, de le regarder s’investir dans son travail, quitte à s’éloigner de sa femme, de ses filles, puis revenir vers eux car ces couleurs, ces exploits ne doivent pas faire oublier l’essentiel, les gens qu’on aime, la "réalité" !
Mais au delà du fond cette mini-série marque les débuts d’un artiste qui allait ensuite continuer une carrière exceptionnelle, Alex Ross. Son style photo-réaliste colle parfaitement au propos (d’ailleurs l’idée originale vient de lui, lorsqu’il soumet son portfolio à Busiek, on y trouve quelques pages rassemblées dans le Marvels 0…), cette impression de retrouver des personnages vivants, qui s’étonnent, grimacent, ont peur etc. va participer au succès immédiat de cette histoire. Ross mise donc tout sur une sorte de réalisme froid, certes, mais accentué par une sorte d’éclairage assez doux qui met en valeur la lumière ! C’est magnifique d’un bout à l’autre !
Vous ne connaissez peut-être pas encore Marvels, je ne saurais donc assez vous conseiller de vous y pencher, histoire de revenir à un age ou les personnages Marvel n’étaient pas encore en train de s’écharper, de comploter, ou il y avait encore de la place pour les autres, ou il y avait une vraie cohérence d’ensemble !
Par FredGri, le 11 mai 2015
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