MASTER KEATON
Volume 1

Taichi Hiraga Keaton est le fils d’une mère anglaise et d’un père japonais, il enseigne l’archéologie dans une université, a fait ses études à Oxford et a été instructeur pour le S.A.S. ou il était spécialiste des techniques de survie. Cependant, ses multiples domaines d’expertise l’ont amené à devenir en parallèle enquêteur pour une importante compagnie d’assurances, qui l’envoie de part le monde résoudre des affaires compliquées qu’il est le seul à pouvoir résoudre.
Qu’il s’agisse de déceler une œuvre d’art de faussaire, de déterminer si une assurance vie doit bel et bien être délivrée, qu’il n’y a pas eu meurtre ou simplement sortir un client d’un mauvais pas, Keaton est là, plein de ressources !

Par fredgri, le 19 mars 2013

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Notre avis sur MASTER KEATON #1 – Volume 1

Master Keaton est l’une des premières séries de Naoki Urasawa, elle fut publiée dans "Big Comic Original" entre 1988 et 1994 sur 18 volumes, avec une édition "deluxe" de 12 tomes qui est maintenant et enfin traduite en France.
On est certes encore assez loin de ce que Urasawa réalisera ensuite, néanmoins ce premier volume est passionnant de bout en bout.
Plutôt que de construire une histoire globale, les auteurs articulent un ensemble de petits chapitres qui mettent en scène le héros au cours de ses enquêtes, tout en ouvrant progressivement les pages à sa vie personnelle, ses relations avec sa fille, son père, avec quelques adversaires professionnels. Très rapidement, on sort aussi du simple cadre des enquêtes pour découvrir le sens de la débrouille du héros, sa façon de se sortir de toutes les situations, tel McGyver ! A tel point qu’on en viendrait presque à oublier cette histoire d’assurance, parfois !

Bon, les auteurs ont un peu tendance à charger le personnage, le rendant un peu trop "omniscient", donc trop parfait et lisse. Mais paradoxalement cela rajoute aussi un côté très "je sais tout" assez plaisant, c’est étrange. On a droit régulièrement à des pavés de textes explicatifs, des croquis qui expliquent comment une des idées de Keaton fonctionne, comment se construit telle déduction etc. La lecture est donc assez intensive, on passe du temps sur cet épais volume de plus de 300 pages, les chapitres sont passionnants et très variés. Car les ambiances que traverse Keaton peuvent amener le lecteur vers du polar, de l’aventure, des récits intimistes, il peut aller enquêter en Grèce, assister des fouilles en plein désert, expertiser une statue ou simplement aller rencontrer sa supposée demi-sœur, découvrant davantage le passé de son père, ou suivre une vieille dame rencontrée dans le train !
Et cet aspect hétéroclite rythme très agréablement la lecture, car le schéma de base se diversifie très vite, donnant chaque fois un peu plus d’épaisseur aux personnages, à leur background en multipliant les angles d’approche, ne se concentrant pas uniquement sur le côté professionnel du héros, allant même jusqu’à consacrer des longs passages à d’autres protagonistes (une technique qu’Urasawa utilisera souvent par la suite) ! Même si du coup le lecteur a un peu de mal à réellement identifier la série…

Et pour en revenir à l’artiste, son style narrative, ici, joue moins sur des effets, il est très classique tout en étant très précis. Le dessin en lui même est détaillé, avec un grand soin porté aux décors, au côté archéologique (des reproductions de sites, d’œuvres agrémentent les chapitres), mais cela reste malgré tout très dynamique et entraînant. Toutefois le scénario est assez enjoué globalement et du coup mise en scène d’Urasawa est moins axée sur une tension inhérente. Le héros est un personnage très positif qui avance sans tergiverser.
Graphiquement, son style n’a que très peu évolué depuis, on a déjà les traits des personnages qu’on retrouvera tout au long de l’œuvre d’Urasawa, je le trouve juste plus précis peut-être ! Toujours est-il qu’on a droit, par-ci par-là à des planches absolument magnifiques (notamment celles qui sont en couleur, un régal !)

Avec la sortie du sixième Billy Bat, le mois de Mars s’annonce sous les couleurs d’Urasawa. Les sorties de Master Keaton se rythmant à un volume tout les deux mois !
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en commençant ce volume et c’est une très bonne découverte. Et même si on sent qu’il y a une volonté de surfer sur la vague des fans de l’auteur, je conseille cette lecture qui devrait plaire à un plus large public, d’autant qu’en effet le ton est tout de même bien moins sombre et tendu que ce qu’on avait l’habitude de lire avec Urasawa !

Par FredGri, le 19 mars 2013

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