MATTEO
Sixième époque (2 septembre - 3 juin 1940)

En 1939, traumatisé par la perte de Robert, Mattéo a rejoint le flux des réfugiés fuyant la guerre espagnole. N’ayant pu retrouver Amélie et ses autres compagnons à Barcelone, il a récupéré l’embarcation de son père pour fuir par la mer. Il est recueilli par un navire militaire français qui le débarque à Collioure afin d’y être emprisonné à la citadelle. Il en ressort le 29 août entouré par deux gendarmes qui doivent l’accompagner à la prison de Perpignan. Mais l’un de ses gardiens étant parent à Robert, Mattéo est libéré sur la route. Il décide alors d’aller chez Paulin, son ami aveugle qui, heureux de le retrouver, l’héberge chez lui. Alors que l’Europe s’enflamme sous l’effet de l’invasion allemande, Mattéo décide de revoir Juliette, son ancienne dulcinée avec laquelle il a eu un fils, Louis. Il prend le parti de renouer les liens paternels. Jusqu’au jour où il apprend que Louis a été fait prisonnier par les Allemands et qu’il est retenu dans un monastère près de Sedan. Et s’il se décidait à traverser toute la France pour aller le chercher ?

Par phibes, le 27 novembre 2022

Notre avis sur MATTEO #6 – Sixième époque (2 septembre – 3 juin 1940)

Comme le stipule l’autocollant figurant sur le premier de couverture, cet album clôture cette grande saga à travers l’Histoire entamée en 2008. Jean-Pierre Gibrat, que l’on ne présente plus tant son art est apprécié, revient donc nous livrer le dernier tour de roue de son personnage atypique qui a été de toutes les guerres du début du 20ème siècle.

Ce tome signe le retour au bercail de Mattéo et qui dit retour au bercail, dit retrouvailles avec la famille et les amis. Après donc la Guerre d’Espagne, la perte de ses camarades de combat et la douleur crue de ne pas avoir pu sauver la République, notre héros revient sur le sol français sous le couvert d’une nouvelle guerre qui va une fois de plus pesée sur sa destinée tourmentée. C’est l’occasion pour ce dernier de recroiser, hormis son pote Paulin et sa vieille mère, la belle Juliette, son ex-dulcinée avec qui il a eu Louis. Ces retrouvailles sont l’occasion de lui faire prendre conscience de sa paternité et de son dernier rôle qu’il va s’employer à tenir dans les péripéties à venir.

Une fois encore, le plaisir à l’état pur est de la partie. Jean-Pierre Gibrat, en grand conteur, finalise avec brio cette saga historique, on ne peut plus caractéristique par ses références judicieusement rapportées et surtout par l’éloquence, la personnalité de Mattéo et de ceux qui l’entourent. Cette restitution humaine suscite inévitablement un attachement à cet univers tant le travail de fonds est conséquent. Ici, l’auteur semble calmer le rebelle pour plus le responsabiliser en le lançant dans une quête forte, celle d’un père envers son fils. Et ça marche, car Mattéo joue ici un va-tout important celui de se faire reconnaître par Louis.

Il va de soi que cette belle fin de récit prend toute sa portée grâce aux superbes illustrations réalisées par l’artiste. Dans une générosité époustouflante, ce dernier nous offre un travail en couleurs directes extraordinaire. L’Histoire sous ses pinceaux revêt un réalisme accrocheur, une beauté artistique documentée qui se veut renforcée par la représentation de ses personnages que l’on aime retrouver. Juliette, Amélie, Louis et Mattéo sortent d’un moule pictural parfaitement maîtrisé, au pouvoir d’attraction indubitable.

Une fin de saga superbement orchestrée, forte en évènements historiques et en humanité. Un gros coup de cœur assuré !

Par Phibes, le 27 novembre 2022

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