MAUS
Mon père saigne
Vladeck Spiegelman, soutenu par son fils, raconte son histoire. De la naissance de son idylle amoureuse en passant par celle de ses enfants, il parle avec justesse, par à coups, du génocide des juifs durant la deuxième guerre mondiale.
Son regard sur lui même, sur les disparus et sur son propre fils : Art Spiegleman, est ainsi dessiné et transmis à tous.
Par MARIE, le 1 janvier 2001
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
2080660292
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Notre avis sur MAUS #1 – Mon père saigne
Maus (souris en allemand), œuvre biographique majeure, multi primée, outil pédagogique, c’est une bande dessinée mettant en scène un père racontant le génocide à son fils. Maus est aussi le prototype d’un char allemand construit pour détruire en grand nombre au moment de cette guerre (sujet de l’album) à la taille et au poids hors norme (188 tonnes). L’Histoire dit que l’engin ne fut finalement pas mis en service faute de moteur assez puissant pour faire fonctionner la lourde carcasse mais son absence n’empêcha pas l’extermination en masse des peuples juifs, arméniens, polonais …
Le premier album de ce cycle en deux tomes démarre sur un paysage familial, une ambiance qui ne peut que parler à la plupart d’entre nous de par sa ressemblance du quotidien humain. On y trouve la vie et l’amour, les rencontres, les mariages, la naissance des enfants, les accidents, la vie quoi !
Et puis, et puis, ça sombre lentement vers de ténébreuses et sordides scènes augurant d’un désastre mondialement reconnu et condamné aujourd’hui.
On sait tout, on croit tout savoir alors que chacun vit son expérience propre, et que même si on pense être semblable dans la mort, c’est absolument impossible. Aussi longtemps que des témoins survivants raconteront leur drame, autant les lecteurs, auditeurs ou spectateurs (« La vie est belle » de Roberto Benigni) continueront de découvrir l’histoire, la même, pourtant toujours différente.
Etrange et lourde croix que l’humanité toute entière porte sur ses épaules. Le souvenir ne peut pas franchement exister chez les jeunes aujourd’hui, il s’agit donc pour eux d’apprendre. Les livres comme celui de Spiegelman, ne sont qu’une pierre de plus au mur d’horreur que représente cette guerre, il n’est ni mieux ni moins bon, il est égal aux autres mais comme pour tous, il a son public et sa place dans les bibliothèques municipales, font de « Maus » une référence.
Le lecteur partage les émotions que les personnages provoquent et tout en restant pudique et extérieur, se laisse totalement envahir et submerger par un récit dont on ne peut pas rester indifférent. Rien de tout cela n’aurait dû exister, aucunes de ces aberrations mentales poussant la cruauté vers son paroxysme et l’être humain vers un comportement haineux et criminel n’auraient dû commencer et pourtant… !
Que dire d’un ouvrage comme celui de Spiegelman sans insister sur des cases plus terribles que d’autres ? Yves Duteil chantait : « Prendre un enfant par la main et l’emmener vers demain… », ici c’est « Prendre un enfant par les pieds et le fracasser sur le mur… » (page 108).
Pas de demi mesure, les choses sont ainsi, pires, encore et encore… Spiegleman a su avec cet album se placer en témoin, attentif, à l’écoute et nous intime doucement de faire exactement comme lui. Sa présence est pourtant très forte tout comme celle de sa maman (ils apparaissent tous les deux sur une photo réelle), mais il s’efface devant le récit et c’est le silence d’un public en recueillement qui donne le dernier poids aux mots qu’on entend plus qu’on ne lit.
Et on constate avec difficulté les notions élémentaires qui disparaissent, celles de la solidarité, celles du sens de la famille, celles des dernières illusions auxquelles on ne croit plus mais auxquelles pourtant on tente de se raccrocher pour tenter de vivre quelques minutes supplémentaires.
Maus est un livre de constat, un témoignage, un souvenir s’inscrivant dans l’essentiel : l’Histoire. Ce livre est un ouvrage indispensable pour les amateurs de bande dessinée mais qui demande un réel effort de lecture car on n’est jamais prêt ni pour la douleur, ni pour l’horreur.
Le pire drame qui soit pour un critique littéraire est sans doute d’attribuer le qualificatif de chef d’œuvre à la description de la dépravation humaine extrême jusqu’à ce que le terme « humain » ne soit plus qu’un vague et lointain souvenir.
Chef d’œuvre à lire absolument !
Par MARIE, le 3 février 2007
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