MAUVAIS GARÇONS
Solea 2

Benito le gitan est introuvable. Rosita, sa promise qu’il va devoir épouser, est à sa recherche et s’en inquiète auprès de son ami Manuel. Toutefois, cette disparition a une explication et c’est Sarah qui va l’apprendre de la bouche du concerné. Il y a une autre femme dans sa vie et celle-ci, est bien ancrée dans sa chair. Que peut-il vraiment faire, tuer Rosita ? Tout est si confus !
Manuel, lui, s’est entiché de Katia, elle, la belle universitaire. Assumant son rêve de jeunesse, il vit au rythme du flamenco. Pourtant, il va devoir choisir entre sa passion musicale et sa dulcinée. Le temps des aveux est arrivé et les répercussions seront irréversibles pour les deux amis.
 

Par phibes, le 11 novembre 2009

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Notre avis sur MAUVAIS GARÇONS #2 – Solea 2

Suite et fin de cette équipée aux ambiances andalouses qui a démarré pas plus tôt que le mois dernier. Les deux inséparables, Manuel et Benito, reviennent sur le devant de la scène, englués plus que jamais dans leur passion du flamenco. Malheureusement, pour ces deux chiens fous qui vivent dans une indolence aiguë, il y a les femmes, source de décisions hâtives et irrévocables.

Le "cante flamenco" plane sur les quelques 110 planches de ce deuxième épisode. Christophe Dabitch poursuit notre immersion dans ce culte musical et corporel de la plus belle des manières, au travers d’une histoire lascive, grevée par une inertie entretenue par les deux principaux protagonistes qui n’en finissent pas de se chercher. Le ton est plaintif voire empreint d’une tristesse pesante telle une "solea" et envoûtante, et finit par virer au drame.

Le charme opère donc par le biais de ces personnages atypiques qui fleurissent les pages et qui viennent, de par leur prestation vocale ou physique, apporter leur contribution extraordinaire. La température s’envole quand le "cante" fuse et les "palmas", "toque" et "baile" se mélangent savoureusement dans une sorte de fierté apparente. Le lecteur, même s’il ne perçoit pas le moindre son, se voit pris dans la sarabande visuelle.

Certes, le thème de cette histoire ne privilégie pas l’action "punchie" mais plutôt une analyse languissante et quelque peu poétique, de l’existence de deux hères qui vivent à la cadence d’une culture. On se laissera donc emporté, grâce à la justesse d’esprit de leur auteur, par leurs mésaventures un peu marginales dans lesquelles les émotions les plus pures auront leur place.

Les superbes dessins sépia de Benjamin Flao font inévitablement mouche. Tantôt épurés, tantôt travaillés finement, ils se révèlent d’une douceur absolue et surtout d’une force narrative impressionnante. Regards et postures véhiculent parfaitement les émotions dans un silence parfois troublant et même pesant. Les scènes de solea isolée ou de masse dégagent également une fièvre musicale extraordinaire qui, comme dans la prestation du muet, peut donner la chair de poule.

Un très beau témoignage au culte du flamenco sur un fonds dramatique, de souffrance psychologique et subtilement apathique. A lire au son de la guitare de Paco de Lucia !
 

Par Phibes, le 11 novembre 2009

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