MAUVAISE REPUTATION
La véritable histoire d'Emmett Dalton

Antoine Ozanam continue à évoquer la véritable histoire du plus jeune de la bande des Dalton, Emmett, qui a sévit dans l’Ouest américain dans l’attaque de banques et de trains. Nous le retrouvons après avoir réglé sa dette envers la société, dans une rédemption qui va lui permettre de publier des ouvrages sur son propre passé de bandit et, par l’intermédiaire d’un producteur de cinéma, de le porter au cinéma.

Désormais en couple avec une Julia prévenante, Emmett vit paisiblement à la tête d’un atelier de couture qui accapare tout son temps. C’est à la suite d’une nouvelle visite de John Tackett que la destinée du seul survivant de l’attaque de Coffeyville va prendre un nouveau tournant. Dans un chapitrage marqué par des unes d’un journal newyorkais d’antan, Antoine Ozanam nous en dévoile les dessous toujours à l’appui d’un aller-retour entre présent et passé, dans une évocation à la taille humaine qui a le privilège de faire contraste à la nature première du personnage.

Le récit renforce la psychologie d’Emmett qui cherche, malgré tout, à restituer la véritable histoire de son gang. Assumant ses erreurs, le bandit qui est devenu par Tackett consultant pour Hollywood donne réellement l’impression de chercher, d’une manière apaisée voire sage, à se racheter une conscience avec sa compagne Julia, et à préserver ce qu’il a vécu. On perçoit ses troubles dans ses agissements actuels qui sont en totale opposition avec ce qu’il a pu vivre avec ses frères. Certains démons sont certes encore persistants mais il ne les renie pas pour autant en les consignant dans des ouvrages personnels.

Confirmant le style utilisé dans le précédent volume, Emmanuel Bazin continue à nous émerveiller. Jouant sur les époques au moyen d’une colorisation appropriée (sépia pour le passé, couleur pour le présent), l’artiste nous offre une partition aquarellée doucereuse qui a tendance à apaiser cette étude psychologique. Le travail documentaire est perceptible via des prises de vue qui se veulent en adéquation avec l’époque (début 20^ème), restituées d’une manière rigoureuse et très subtile.

Une fin d’évocation d’une rédemption particulièrement prégnante.

Par Phibes, le 20 mai 2024