MAX LES ANNÉES 20
Le silence après le Tango
En novembre 1928, sur l’Atlantique, le paquebot Cap Polonio navigue en direction Buenos Aires. A sa proue, un homme, Max Costa, jouit du spectacle nocturne et ne peut s’empêcher de se remémorer certains souvenirs douloureux. Il se rappelle lorsque, bien des années plus tôt, il travaillait comme groom dans un hôtel de Barcelone. Vendant son corps à l’insu de son patron aux clientes en mal d’amour, le jeune homme partage son amitié avec Mir son collègue et entretient une idylle avec la douce Nela. De plus, pour arrondir ses fins de mois, il se loue comme danseur de Tango. Malheureusement, Max n’est pas heureux et cherche désespérément à voir au-delà de l’horizon. Un soir, il est apostrophé par le sinistre Fontana de la pègre barcelonaise qui lui propose de travailler pour lui. Bien qu’il ait refusé la main tendu, Max ne peut s’empêcher de songer à sa situation et in fine, accepte de passer un deal avec le mafieux. Cette décision va malheureusement être le début d’une descente aux enfers qui va le pousser à se lancer dans une longue fuite en avant.
Par phibes, le 18 juin 2018
-
Scénariste :
-
dessinateur :
-
-
Éditeur :
-
-
Sortie :
-
ISBN :
9791092499834
Publicité
Notre avis sur MAX LES ANNÉES 20 #1 – Le silence après le Tango
A l’origine de Monet, nomade de la lumière, et du Photographe de Mauthausen, Salva Rubio revient à nouveau sur le devant de la scène pour nous présenter sa nouvelle saga (en deux tomes) inspirée de l’œuvre de l’écrivain espagnol Arturo Pérez-Reverte. Plus particulièrement, il se focalise sur l’un des personnages forts de l’artiste, Max Costa, issue de sa nouvelle Le Tango de la vieille garde, afin de nous conter sa destinée, très mouvementée.
Cette première partie a donc le mérite de donner de la profondeur au personnage clé et de nous préparer aux péripéties qu’il se doit de vivre à l’instant présent (novembre 1928 et suivant). A l’issue d’une mise en lumière très brève qui nous permet de découvrir qu’il est un gigolo mondain sur un transatlantique, nous le retrouvons au tout début des années 20, au départ de ses mésaventures barcelonaises. Cette bascule temporelle permet à Salva Rubio d’ouvrir le champ de son récit et de camper la situation sociale de son personnage, du milieu dans lequel il évolue. Il nous explicite ses aptitudes (danseur de tango) son questionnement, ses envies et bien évidemment ses dangereuses fréquentations.
C’est dans une formule pour le moins dynamique que l’on plonge dans les souvenirs douloureux de ce fameux Max Costa. Ce dernier nous transporte vigoureusement, à la suite d’une traîtrise mafieuse et sous quelques mélopées marquées de tango, dans une quête de sauvegarde haletantes. Ce voyage forcé lui fait vivre moult péripéties allant de la rue malfamée barcelonaise à la légion espagnole, dans la guerre du Rif. Il se veut associé à des rencontres dont le groom/danseur/légionnaire saura plus ou moins profiter pour son initiation mais qui marqueront profondément son parcours.
Cette énergie ambiante passe par le travail pictural tout en épaisseur de Rubén de Rincon. Ce dernier, qui a œuvré tout dernièrement sur le superbe album El Boxéador avec Man, revient avec une pêche perceptible. Pour s’en convaincre, il suffit de décortiquer son trait noir et libéré qui met en avant des décors barcelonais et autres historiques exécutés goulument et efficacement. De plus, il anime ses personnages dans un réalisme sans fioriture, sous le couvert de découpages impressionnants. Passes de Tango et rixes se veulent particulièrement maîtrisées, dans une impression de mouvement habilement restituée.
Un excellent début d’aventures sous des accents espagnols bien inspirées dont on attendra la suite avec impatience. A noter que le récit se veut accompagné en fin d’album d’un petit cahier historique explicatif signés des deux auteurs.
Par Phibes, le 18 juin 2018